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1968-1973 : ennui, contestation, désillusion






L'émergence d'une « société de consommation » est liée à la libération et à l'épanouissement de l'individu, la famille étant de plus en plus perçue comme une contrainte et une gêne. Les mentalités évoluent parallèlement à la société : on assiste au recul des attitudes morales et religieuses traditionnelles, favorables aux familles nombreuses et au développement d'une nouvelle morale plus hédoniste. Le bouleversement social et économique a eu des conséquences décisives sur l'évolution des modes de vie et de pensée, a déterminé un changement des attitudes et des comportements, a provoqué une remise en question des institutions et des cadres sociaux traditionnels.



L'abondance des années 60 engendre un sourd mécontentement, une rumeur de moins en moins voilée dont l'explosion de mai-juin 1968 sera l'inévitable et lyrique aboutissement. Déjà, en 1967, la mort de « Che » Guevara, compagnon et ministre de Fidel Castro, guérillero dans de nombreux pays d'Amérique latine, et l'arrestation puis la condamnation de Régis Debray suscitent un enthousiasme révolutionnaire. À Paris, rue Saint-Séverin, la librairie « La Joie de lire » diffuse les ouvrages des combattants tiers-mondistes. La vulgate marxiste se propage rapidement parmi les jeunes d'un pays dont la majorité des habitants s'enlise dans la fadeur du train-train quotidien : « La France s'ennuie », tel était le titre d'un article prémonitoire de Pierre Vianson-Ponté paru dans le Monde au printemps 1968.



Les événements



Deux dates signalent les prémices de la révolte estudiantine : le 8 janvier, Daniel Cohn-Bendit interpelle le ministre François Missoffe à la faculté de Nanterre ; le 22 mars, six militants sont arrêtés, une centaine d'étudiants occupent Nanterre. Début mai, l'affrontement entre l'UNEF-Sorbonne et un commando d'extrême droite se solde par la fermeture de la Sorbonne. Dans les jours qui suivent, les manifestations se succèdent. Le 10 mai, c'est la première « nuit des barricades ». À partir du 13 mai, par solidarité avec les étudiants, l'agitation se développe dans les entreprises, partant à la fois des jeunes ouvriers, des techniciens, confondant les secteurs économiques en danger et les entreprises les plus rationalisées, entraînant dans cette critique de la « technocratie » et de l'autorité les professions intellectuelles, débordant enfin les organisations syndicales. Fin mai, neuf millions de travailleurs sont en grève. Les accords de Grenelle (27 maI) amorcent une série de négociations dans les entreprises. Après une période de confusion, les pouvoirs publics reprennent en main la situation, interdisent le 12 juin plusieurs organisations gauchistes et font évacuer la Sorbonne le 16. A la fin du mois, les élections législatives, qui suivent la dissolution de l'Assemblée nationale le 30 mai, assurent la victoire des gaullistes.

Les thèmes élaborés au cours des événements de mai-juin 1968 domineront, d'une certaine façon, la vie politique française dans les années suivantes. Naissent différents projets (« participation » de de Gaulle, « nouvelle société » de Jacques Chaban-Delmas, « société libérale avancée » de Valéry Giscard d'EstainG) qui tentent de redéfinir les relations entre l'État et le citoyen, et de modifier la notion d'autorité. Des nouveaux modèles communautaires (mouvement écologique, régionalismeS) se développent. Une philosophie de nature humaniste semble renaître à travers le rejet du structuralisme (« une structure ne descend pas dans la rue », « Althusser à rien »), l'émergence des philosophies du désir (Jean-François Lyotard, Gilles Deleuze, Jean-Paul Dollé) et la découverte de nouveaux « prophètes » comme Ivan Illich et Herbert Marcuse. On assiste enfin à la désacralisation des modèles établis, qui se manifeste par une déculpabilisation de la sexualité, une redéfinition de la famille et une vive revendication féministe.

« Mai 1968 » apparaît aujourd'hui comme la crise de croissance d'une société d'abondance. Reste que la contestation des valeurs établies n'était pas l'expression d'un simple mouvement d'humeur. La révolte éphémère a mis en pleine lumière une série de « crises » qui affectaient la société occidentale contemporaine.

La fonction sociale du travail avait tendu, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, à se réduire notablement. Aux héros du travail glorifiés par la tradition (l'ouvrier méritant, le cadre surmené) se sont peu à peu substitués des héros de la consommation, du gaspillage et des loisirs, dont les premiers romans de Françoise Sagan (Bonjour tristesse, 1954 ; Un certain sourire, 1955 ; Aimez-vous Brahms ?, 1959 ; la Chamade, 1965) donnent une image à peine caricaturale, et qui s'incarnent un peu plus tard dans les vedettes de la chanson, de la télévision et du cinéma. Mais les critiques adressées au travail visent surtout les modalités de celui-ci. Le travail à la chaîne, parcellaire, hiérarchisé, encadré jusque dans le détail apparaît de plus en plus contesté. À l'inverse, les métiers laissant place à l'initiative personnelle, garantissant une assez large autonomie et autorisant une relative liberté dans l'organisation du temps, sont recherchés.



L'évocation du monde du travail est l'occasion pour les romanciers de dévoiler l'envers du décor. Roger Vailland, dans 325 000 francs (1955), conte l'histoire d'un ouvrier qui, pour réunir la somme nécessaire à l'achat d'un snack-bar, décide de travailler trois fois quatre heures par jour à l'usine. Le dernier jour, une presse hydraulique lui arrache le bras. Le personnage est devenu la victime d'une machine inhumaine qui lui interdit toute possibilité d'interventiori personnelle. Élise ou la Vraie Vie (1967) de Claire Etcherelli décrit le travail à la chaîne comme une réalité d'autant plus sordide qu'elle est altérée par le racisme ambiant. L'héroïne,



Élise Letellier, qui rêvait de découvrir la « vraie vie » à Paris, est embauchée dans une usine de construction automobile. Elle ne connaît que la fatigue, le manque d'argent chronique, et la réprobation des nommes qui menacent son amour pour un ouvrier algérien.

À travers la dévalorisation du travail et de son image, c'est l'idée de progrès elle-même qui est remise en cause. Sur ce plan, le vingtième siècle dans son ensemble ouvre une période de doutes, d'incertitudes et de désillusions. Dès avant la Seconde Guerre mondiale paraissent des ouvrages aux titres révélateurs : les Illusions du progrès de Georges Sorel, la Crise du progrès de Georges Friedmann, à quoi feront écho les Désillusions du progrès de Raymond Aron.

En France, un certain sentiment d'échec vient accentuer ce doute profond. Le pays, après Yalta, n'a plus le rang prééminent qui était le sien avant la guerre. L'« hexagone », comme on commence alors à dire, fait partie, sur le plan militaire, dès 1949, de l'OTAN où la prépondérance américaine est évidente. La politique coloniale s'enferme dans des combats douteux. La guerre d'Indochine s'achève en 1954. Le Maroc et la Tunisie accèdent à l'indépendance en 1956. Surtout, la guerre d'Algérie enflamme les esprits dès novembre 1954. L'apo-litisme régnant dans les années 50 sera le fruit de cette désillusion.

De ce point de vue, les « événements » de mai-juin 1968, sous l'apparence d'une rupture radicale, n'ont fait qu'accélérer une évolution profonde. L'idée selon laquelle la prospérité économique et la prépondérance politique de l'Occident seraient les conditions de la stabilité sociale et du bonheur individuel se trouve naturellement remise en cause. En même temps que l'idée de progrès, celle de croissance économique se trouve contestée d'abord dans son bien-fondé et dans sa justification avec l'apparition de critiques fondées sur des motifs d'ordre écologique ou social, puis dans sa réalité même, avec la crise de l'énergie survenue à partir de 1973.



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