Claude Garnier |
Comme un cygne qui vole entre mille corneilles, Pressé de leurs rumeurs, Je vais parmi la France, accompli de merveilles, Entre mille Rimeurs. De bec, d'aile, de griffe et de voix continue Ces monstres jour et nuit Combattent ma louange en tout lieu reconnue, En dépit de leur bruit. Tels furent jadis ceux qui, rebours au mérite Du Cygne vendomois, Approuvèrent Meltn, pour être leur conduite Au siècle des Valois. Je suis comme une roche au milieu des orages Contre leur vain discours, Et tel qu'un beau Soleil entouré de nuages, Quand il refait son cours. Tant que luiront les jours et tant que la nuit brune Épandra ses horreurs, Ea terre enfantera, d'une suite commune, Des chardons et des fleurs. Ils ont beau forcener, ils ont beau mettre en vante Leur mensonge effronté, La vérité demeure et la gloire est vivante A la postérité. Les chantres de la Grèce, en dépit des Zoïles, Sont passés jusqu'à nous, Et les Romains encore au pourpris de nos villes Sont admirés de tous. Que leur bouche devienne un foudre, une tempête, Mille horreurs, mille morts; J'affermirai le pas et lèverai la tête, Invincible en efforts Je dédaigne leur fougue et ris de leur audace, J'ai les muses pour moi; J'ai ceux qui, par aveu, sur le mont de Parnasse Ont dormi comme toi. En si chère conduite, à mes voux favorable Je ne redout'rai pas Ni l'ardente Chimère aux humains effroyable, Ni le monstre à cent bras. Fléchirai-je aux corbeaux avoué par les Cygnes? Le Chantre des Lys d'or A des Chantres communs, entre le peuple insignes, Fléchirait-il encor? Non, non, je veux leur blâme et ne veux d'autre En faveur de mon art, [gloire Pour être un jour assis au Temple de Mémoire, Compagnon de Ronsard. |
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Claude Garnier (1583 - 1633) |
Portrait de Claude Garnier |