Arthur Rimbaud |
Naissance: 20 octobre 1854 Charleville, Empire français Décès: 10 novembre 1891 (à 37 ans) Marseille, République française Jean-Nicolas-Arthur Rimbaud naît le 20 octobre 1854 à Charleville dans les Ardennes. Son père, le capitaine d'infanterie Frédéric Rimbaud et sa mère, Vitalie Cuif, issue d'une famille paysanne des Ardennes, se sont mariés en 1853. Arthur a un frère aîné, Frédéric, et deux jeunes soeurs, Vitalie et Isabelle, respectivement nées en 1858 et 1860. Quelques mois après la naissance d'Isabelle, leur père rejoint son régiment à Grenoble, abandonnant femme et enfants. Puis il prend rapidement sa retraite à Dijon. Blessée, sa femme fait le silence sur lui et passe pour être veuve. Les enfants reçoivent une éducation catholique sévère, car leur mère craint pour eux le mauvais exemple du père, et celui de leurs oncles Cuif qui étaient alcooliques. Fils d'un capitaine de l'armée du général Bugeaud qui déserte le domicile conjugal, Arthur Rimbaud, né en 1854, étonne le collège de Charleville par la précocité de ses dons. Mais déjà, à l'étude, il préfère l'école buissonnière, fait ses premières fugues pendant la guerre de 1870. Sur les murs de Charleville, il écrit « Mort à Dieu », s'enivre dans les cabarets... Cette même année 1870, son professeur de rhétorique et ami Georges Izambard encourage ses dons poétiques. Parti pour Paris avec des poèmes pleins les poches, il s'y conduit en voyou dans les cercles littéraires, porte des toasts à la gloire de la Commune dans les cafés, brise le ménage de Verlaine, puis s'enfuit avec lui pour la Belgique, l'Angleterre... Ruptures, réconciliations... En mai 1873 Verlaine, ivre, dans une crise de jalousie, le blesse au bras d'un coup de revolver. Tandis que Verlaine purge une peine de prison, Rimbaud rédige Une saison en enfer. L'accueil est si glacial qu'il décide, après avoir encore composé les Illuminations, de ne plus écrire, l'inspiration l'ayant définitivement abandonné. Il vagabonde à travers l'Europe, s'engage dans l'armée hollandaise, déserte... À vingt-cinq ans, il fait ses adieux à ses amis de Charleville et disparaît en Orient. Contremaître à Chypre, gérant de comptoirs commerciaux, marchand d'armes en Ethiopie... il est devenu un « ascète », qui rêve néanmoins de faire fortune et de mener une vie confortable. Une tumeur au genou l'oblige à revenir en France. Amputé, il veut retourner en Ethiopie, mais ne l'atteindra jamais. Son billet en poche, il meurt de gangrène dans les bras de sa sour, après une atroce agonie, longue de trois mois, à l'hôpital de Marseille, le 9 novembre 1891, reconverti au catholicisme. Dans une lettre à Paul Demeny, Rimbaud écrivait : « Il est des misérables qui, femme ou idée, ne trouveront pas la sour de charité. » « Les sours de charité » sont le poème de l'amour déçu. A dix-sept ans, trompé dans ses espoirs par deux jeunes filles qu'il a aimées (lre partie du poème), Rimbaud se tourne vers la Muse verte (l'absinthe? la nature printanière ?) et la Justice ardente (la révolution) qui, chacune à leur tour, le déçoivent : la Commune ruine ses espoirs. Déçu enfin par la science, son seul recours est la Mort, vraie sour de charité. Les trois quatrains consacrés à la déception par la femme sont poignants. Etre et mère de beauté, la femme est par ailleurs exaltée dans cet autre poème - en prose - tiré des « Illuminations ». Son ouvre poétique, Arthur Rimbaud le visionnaire (1854-1891) l'a composée entre sa dix-septième et sa dix-neuvième année. Son génie précoce et fugace, mélange de nostalgies d'enfance, d'hallucinations - certaines pièces ont été composées sous l'influence de la drogue - de détresses et de vertiges, a marqué toute la poésie du XXe siècle. Aucun de ses contemporains n'a compris ce révolutionnaire de la poésie, à l'exception de Verlaine, qui veillera à la publication de son ouvre, et de Mallarmé, pour lequel ce précurseur fut une aventure unique dans l'histoire de l'art. Éclat d'un météore, allumé sans motif autre que sa présence, issu seul et s'éteignant. Élève brillant, il accumule les prix, notamment en rhétorique. À treize ans, il envoie en cachette un hommage au Prince Impérial qui vient de faire sa première communion. C'est en latin qu'il fait ses premiers vers : il remporte d'ailleurs en 1869, le premier prix du concours académique pour Ver erat, l'Ange et l'Enfant, et Jugurtha. L'un de ses professeurs de quatrième, M. Pérette dit de lui : Intelligent, tant que vous voudrez, mais il a des yeux et un sourire qui ne me plaisent pas. Il finira mal : en tout cas, rien de banal ne germera dans cette tête : ce sera le génie du bien ou du mal ! En poésie, on le sait d'après sa Lettre du Voyant, Rimbaud détestait tous ces amuseurs publics qui n'ont jamais fait que jongler avec les rimes et les hémistiches. Plus ambitieux qu'eux, le poète du Bateau ivre a voulu se faire voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens: c'était là l'expression d'une volonté toujours renouvelée de donner des coups de sonde là où cela ne serait pas familier, là où il pourrait perdre pied pour glisser dans l'inconnu. Il fallait, si on peut dire, ériger le changement en système; et le vertige émanant de poèmes tels Après le déluge ou Vies en fait foi. Révolté dès l'enfance contre la convention provinciale et la vie familliale confinée, il poursuit quand même de brillantes études. A seize ans, il écrit ses premiers poèmes dont il en envoie trois, sur l'encouragement d'un de ses professeurs, à Théodore de Banville. Dès la déclaration de guerre franco-prussienne, il part pour Paris où il est emprisonné. De retour à Charleville il partira aussitôt pour la Belgique. Forcé par sa mère à revenir, il passe ses journées à lire, jusqu'au évenements de la commune, où il part pour Paris. Il reviendra à pieds dans sa ville natale. Appelé par Verlaine à qui il avait envoyé quelques poèmes, il mène auprès de lui une vie orageuse et de bohème qui se poursuivra à Londres et en Belgique. Blessé par Verlaine au terme d'un violente querelle en 1873, il se retire dans la maison familliale de Roche. En 1870, tandis qu'il a comme professeur Georges Izambard, il envoie des vers à Théodore de Banville, puis fait deux fugues : la première en train à Paris (où il est arrêté, fait cinq jours de prison, est libéré grâce à Izambard qui l'accueille quinze jours à Douai chez ses tantes), la deuxième à pied à Charleroi et Bruxelles, puis à Douai derechef (d'où sa mère, par police interposée, le contraint à regagner Charleville). Son collège étant fermé à cause de la guerre, il passe l'hiver à lire et à se promener avec son ami Delahaye. En février 1871, peu après l'occupation de Charleville par les Allemands, il refait une fugue de deux semaines à Paris, d'où il revient à pied. I.a Commune est proclamée : il est probable (quoiqu'on n'en ait pas de preuve absolue) qu'il repart à Paris quelques jours entre la mi-avril et la mi-mai et fait partie d'un groupe de francs-tireurs. Rentré à Charleville, il adresse le 13 mai à Izambard et le 15 au poète Paul Demeny les deux lettres capitales (la seconde, quelquefois les deux, étant dite[s] « du voyant ») où il expose ses idées sur la poésie. En septembre, par l'intermédiaire de Charles Bretagne, employé des impôts occultiste et sans doute homosexuel, il entre en correspondance avec Paul Verlaine. Celui-ci, enthousiasmé par les poèmes reçus, l'incite à venir à Paris. Il débarque avec le « Bateau ivre » dans le milieu artistico-poétique parisien où il fait sensation puis scandale (coup de canne-épée à Carjat, beuveries et plus avec Verlaine). Il participe, au Quartier Latin, au Cercle « zutique » et aux dîners des Vilains Bonshommes (où Mallarmé l'apercevra, les mains « rougies d'engelures » ei « la bouche, au pli boudeur et narquois »). En février 1872, pour permettre à Verlaine de se rabibocher avec sa femme, il part à Arras puis rentre à Charleville, avant de revenir en mai-juin au Quartier Latin. Il compose ou recopie alors ce qu'on appelle aujourd'hui ses « derniers vers » ou ses « vers nouveaux [et chansons] ». Le 7 juillet 1872, il entraîne Verlaine avec lui à Bruxelles, puis, début septembre, à Londres, où ils fréquentent les communards en exil, vivent assez misérablement en donnant des leçons de français, et où il compose sans doute plusieurs Illuminations. Après une première brève interruption en décembre, les deux amis se séparent en avril 1873. Le 11 avril, Rimbaud arrive à Roche. C'est alors qu'il écrit les premières « histoires atroces » d'Une saison en enfer. Il repart le 25 mai 1873 avec Verlaine en Angleterre. Cette fois, cela finit mal : Verlaine, que sa femme veut quitter, fuit à Bruxelles, où il menace de se suicider. Sa mère et Rimbaud le rejoignent. Après une journée de vaines et orageuses discussions, le 10 juillet 1873, Verlaine tire un coup de revolver sur Rimbaud et le blesse au poignet gauche. Celui-ci se fait soigner et veut partir. Sur le chemin de la gare, Verlaine lui paraissant de nouveau menaçant, il le fait arrêter : Verlaine est condamné à deux ans de prison, Rimbaud, rentré à Roche et très secoué, achève Une saison en enfer, qu'il fait imprimer à Bruxelles en octobre. Il passe l'hiver à Charleville, puis repart le 25 mars 1874 pour Londres avec Germain Nouveau, qui l'aide à recopier les Illuminations puis le quitte. Commence une longue errance en Europe : on le trouve enseignant à Reading, employé dans le port de Scarborough (1874), précepteur à Stuttgart - où il revoit brièvement une dernière (et violente) fois Verlaine, libéré, à qui sans doute il remet les feuillets des Illuminations (mars 1875) -, malade et soigné par une dame à Milan, frappé d'insolation entre Livourne et Sienne, répétiteur à Maisons-Alfort (juillet 1875), dévalisé à Vienne (avril 1876), engagé dans l'armée coloniale hollandaise puis déserteur à Java (août 1876), recruteur à Cologne, employé de cirque à Hambourg, en Suède, au Danemark (mai 1877), traversant à pied les Vosges puis les Alpes (octobre-novembre 1878), exploitant de carrière, puis - après plusieurs séjours à Roche - chef d'équipe à Chypre (novembre 1878-juillet 1880). En juillet 1880, il part en Afrique. C'est la dernière période, celle de Rimbaud d'Arabie » (Borer). Engagé à Aden par une firme d'imporl-export en peaux et cafés, il est affecté par Alfred Bardey à la succursale de Harar, où il séjournera vaille que vaille dix ans, avec des voyages et des séjours à Aden. De la fin 1885 à 1888, il monte des expéditions d'armes en Abyssinie, notamment auprès du roi Ménélik. Pendant ces dix années, comme pendant les quatre ou cinq précédentes, il semble se désintéresser totalement de la poésie et du destin de son ouvre. Celle-ci, pourtant, à son insu - et tandis que le bruit de sa mort court un moment à Paris -, commence son extraordinaire survie : dès 1886, la revue « symboliste .> la Vogue publie pendant plusieurs numéros certains de ses vers de 1872 et la plupart des Illuminations. Ce n'est pas à dire qu'il ait renoncé à l'écriture : il se fait envoyer par les siens une masse de livres techniques de toute sorte, songe, en 1882, à écrire un « ouvrage sur le Harar et les dallas » ; suite à des expéditions qu'il organise, son Rapport sur l'Ogadine est publié en 1884 à Paris par la Société de Géographie ; il écrit en 1887 dans le Bosphore égyptien une brillante synthèse géographique, économique, politique sur l'Abyssinie et le Harar, note des Itinéraires, d'Entotto à Harar ou de Harar à Warambot. À la fin mars 1891, les douleurs au genou droit dont il se plaignait depuis un mois sont si insupportables qu'il décide de se faire soigner à Aden. Il se fait transporter en civière de Harar au port de Zeilah, à travers 300 km de désert. À Aden, on diagnostique une tumeur cancéreuse, aggravée par une ancienne syphilis. Il rentre en France. Transporté à l'hôpital de la Conception à Marseille, il est amputé de la jambe le 27 mai 1891. Revenu à Roche, il repart au bout d'un mois avec sa sour Isabelle pour Marseille. Il rêve de regagner Aden. Mais il doit être réhospitalisé d'urgence à la Conception : le cancer s'est étendu, il est paralysé. Le 25 octobre, il ne repousse pas le prêtre venu le confesser. Il a des visions, dicte une dernière lettre à Isabelle pour le directeur des Messageries maritimes (dernière phrase : « Dites-moi à quelle heure je dois être transporté à bord... ») et meurt le 10 novembre 1891 à dix heures du matin. L'oeuvre qu'il a laissée (Poésie, Une saison en enfer, Illuminations et quelques fragments) reste unique par sa violence et la quête d'un absolu qu'il a cherché plus tard dans l'aventure ; elle a profondément marqué le mouvement surréaliste et est à l'origine de la mutation poétique moderne. |
Arthur Rimbaud (1854 - 1891) |
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Portrait de Arthur Rimbaud | |||||||||
BiographieArthur Rimbaud est né à Charleville-Mézières (dans les Ardennes) le 20 octobre 1854. Sa mère, Vitalie Cuif, est une femme très autoritaire et son père, Frédéric Rimbaud, est militaire. En octobre 1862, Rimbaud entre à l'Institut Rossat, une école fréquentée par les enfants de la bourgeoisie de Charleville. En 1865, il entre au collège de Charleville et commence à écrire. En 1870, il se lie BibliographieLa bibliographie rimbaldienne est considérable. Pour la seule période 1869-1950, dans les 536 pages du premier volume de sa thèse le Mythe de Rimbaud (Genèse du mythe, Paris, Gallimard, 1954 ; rééd. 1968), Étiemblc dénombrait déjà 2 606 livres ou articles, en France ou ailleurs. Pour la période 1968-1990, Yoshimi Yam3guchi, dans un récent numéro « Rimbaud » de la revue japonaise lichiko (n 17, Tok Cronologie |
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