wikipoemes
paul-verlaine

Paul Verlaine

alain-bosquet

Alain Bosquet

jules-laforgue

Jules Laforgue

jacques-prevert

Jacques Prévert

pierre-reverdy

Pierre Reverdy

max-jacob

Max Jacob

clement-marot

Clément Marot

aime-cesaire

Aimé Césaire

henri-michaux

Henri Michaux

victor-hugo

Victor Hugo

robert-desnos

Robert Desnos

blaise-cendrars

Blaise Cendrars

rene-char

René Char

charles-baudelaire

Charles Baudelaire

georges-mogin

Georges Mogin

andree-chedid

Andrée Chedid

guillaume-apollinaire

Guillaume Apollinaire

Louis Aragon

arthur-rimbaud

Arthur Rimbaud

francis-jammes

Francis Jammes


Devenir membre
 
 
auteurs essais
 

Antoine Houdar de La Motte



Le soc et l'épée - Poéme


Poéme / Poémes d'Antoine Houdar de La Motte





Autrefois le soc et l'épée
Se rencontrèrent dans les champs ;
De sa noblesse, elle, tout occupée.
Ne semblait pas apercevoir les gens.
Le soc donne un salut, sans que l'autre le rende.
Pourquoi, dit-il, cette fierté?

-
L'ignores-tu ? belle demande !
Tu n'es qu'un roturier; je suis de qualité.

-
Eh! d'où prends-tu, dit-il, ta gentilhommerie?
Tu ne fais que du mal ; je ne fais que du bien :

Mon travail et mon industrie
De l'homme entretiennent la vie ;
Toi, tu la lui ravis, bien souvent sur un rien.

-
Petit esprit, âme rampante,

Dit l'épée ; est-ce ainsi que pensent les grands cours ?

-
Oui, répondit le soc ; on a vu des vainqueurs
Remettre à la charrue une main triomphante :

Témoins les
Romains, nos seigneurs.

-
Mais sans moi, dit la demoiselle,
Ces
Romains eussent-ils subjugué l'univers?

Rome n'était qu'un bourg ; on n'eût point parlé d'elle,
Si mon pouvoir n'eût mis le monde dans ses fers.

-
Tant pis ; elle eût mieux fait de se tenir tranquille,



Répondit maître
Soc ; belle nécessité
Que l'univers devint l'esclave d'une ville!

Que de sa vaste cruauté
Elle effrayât l'Europe, et l'Afrique, et l'Asie !
Eh ! pourquoi, s'il vous plaît ? à quelle utilité ?
Pour une ambition que rien ne rassasie.
Trouves-tu donc cela digne d'être vanté ?

L'épée, au bout de sa logique,
Appelle enfin maître
Soc en duel.
Te voilà ; battons-nous.
C'est tout ton rituel.
Dit le soc ; quant à moi, ce n'est pas ma pratique :

Je travaille et ne me bats point.
Mais un tiers entre nous pourrait vider ce point :

Prenons la taupe pour arbitre ;

Comme
Thémis elle est sans yeux,
L'ait grave et robe noire ; on ne peut choisir mieux.

Chacun au juge expose alors son titre.
La nouvelle
Thémis les entend de son trou,
Et, le tout bien compris, prononce cet adage :

Qui forgea le soc était sage.

Et qui fit l'épée était fou.






Contact - Membres - Conditions d'utilisation

© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.



Antoine Houdar de La Motte
(1672 - 1731)
 
  Antoine Houdar de La Motte - Portrait  
 
Portrait de Antoine Houdar de La Motte


mobile-img