wikipoemes
paul-verlaine

Paul Verlaine

alain-bosquet

Alain Bosquet

jules-laforgue

Jules Laforgue

jacques-prevert

Jacques Prévert

pierre-reverdy

Pierre Reverdy

max-jacob

Max Jacob

clement-marot

Clément Marot

aime-cesaire

Aimé Césaire

henri-michaux

Henri Michaux

victor-hugo

Victor Hugo

robert-desnos

Robert Desnos

blaise-cendrars

Blaise Cendrars

rene-char

René Char

charles-baudelaire

Charles Baudelaire

georges-mogin

Georges Mogin

andree-chedid

Andrée Chedid

guillaume-apollinaire

Guillaume Apollinaire

Louis Aragon

arthur-rimbaud

Arthur Rimbaud

francis-jammes

Francis Jammes


Devenir membre
 
 
auteurs essais
 

Antoine de Bertin



à eucharis - Poéme


Poéme / Poémes d'Antoine de Bertin





Que me sert aujourd'hui dans des nuits plus heureuses

D'avoir su te former aux combats de
Vénus ?

Que me sert, en pressant tes lèvres amoureuses.

De t'avoir révélé des secrets inconnus ?

Je suis victime, hélas ! de ma propre science ;

Moi-même, à me trahir, j'instruisis ta beauté :

Que je dois regretter ton aimable ignorance,

Ta craintive pudeur, et ta simplicité !

Quand ton cour autrefois couronna ma tendresse.

Tes mains savaient à peine agiter des verrous ;

Je t'appris, le premier, par quelle heureuse adresse

On peut, en les tournant, échapper aux jaloux :

Je t'appris l'art, si cher à la jeune maîtresse.

D'écarter de son lit un odieux époux.

Malheureux ! en un mot, je t'appris comme on aime !

Ton orgueil s'enrichit de mes rares secrets.

Du suc brillant des fleurs j'embellis tes attraits.



Et remis dans tes mains le fard de
Vénus même.

Nulle amante bientôt ne sut mieux effacer

Le bleuâtre sillon que sur un cou d'albâtre

Imprime de ses dents un amant idolâtre,

Et ces doux souvenirs qu'on se plaît à tracer.

Quel prix de tant de soins a donc reçu ton maître ?

Un autre impunément jouit de mes leçons.

I.e laboureur du moins recueille ses moissons,

Et goûte en paix les fruits que ses mains ont fait naître.

Un autre, un autre, ô ciel ! conçois-tu mes soupçons ?

Conçois-tu les fureurs de mon âme offensée ?

Oui, je te vois, ingrate ! et ma triste pensée

Se figure déjà de combien de façons

Le barbare te tient, sans pudeur, embrassée.

Peux-tu me préférer ce rival orgueilleux.

Vil suivant de
Plutus que l'intérêt dévore,

Et dont l'instinct grossier préfère à tes beaux yeux

Ces trésors criminels qu'aux bornes de l'aurore

A cachés vainement la prudence des dieux ?

Oses-tu bien presser de tes mains caressantes

Ce cour inexorable aux travaux endurci.

Qui trois ou quatre fois, sous un ciel obscurci,

N'a pas craint d'affronter les deux mers frémissantes,

Et des chiens de
Scylla ' les clameurs gémissantes,

Et ces gouffres profonds tournoyants sous ses pas ?

Penses-tu qu'amoureux de son doux esclavage,

Désormais il renonce à quitter le rivage ?

On dit que l'inhumain, méprisant tes appas,

Déjà prêt à partir sur la foi d'une étoile,

Redemande des vents, fait déployer la voile.

Et de ton lit oiseux veut courir au trépas.

Que je plains ta douleur, amante infortunée!

Combien tu pleureras ton fol égarement !

Malgré ton crime, hélas ! de plaisirs couronnée.

Puisses-tu ne jamais connaître le tourment

D'aimer comme je t'aime, et d'être abandonnée !



Contact - Membres - Conditions d'utilisation

© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.

Antoine de Bertin
(1752 - 1790)
 
  Antoine de Bertin - Portrait  
 
Portrait de Antoine de Bertin
mobile-img