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Alfred de Musset



Réponse à m. charles nodier - Sonnet


Sonnet / Poémes d'Alfred de Musset





Connais-tu deux pestes femelles

Et jumelles
Qu'un beau jour tira de l'enfer

Lucifer?

L'une au teint blême, au cour de lièvre,

C'est la
Fièvre;
L'autre est l'Insomnie aux grands yeux

Ennuyeux.

Non pas cette fièvre amoureuse,

Trop heureuse,
Qui sait chiffonner l'oreiller

Sans bâiller;



Non pas cette belle insomnie

Du génie,

Trilby vient, prêt à chanter,

T'écoutef.

C'est la fièvre qui s'emmaillote

Et grelotte
Sous un drap sale et trois coussins

Très malsains.

L'autre, comme une huître qui bâille

Dans l'écaillé,
Rêve ou rumine, ou fait des vers

De travers.

Voilà, depuis une semaine

Toute pleine,
L'aimable et gai duo que j'ai

Hébergé.

Que ce soit donc, si l'on m'accuse,

Mon excuse,
Pour n'avoir rien ni répondu)

Ni pondu.

Ne me fais pas, je t'en conjure,

Cette injure
De supposer que j'ai faibli

Par oubli.

L'oubli, l'ennui, font, ce me semble,

Route ensemble,
Traînant, deux à deux, leurs pas lents,

Nonchalants.



Tout se ressent du mal qu'ils causent,

Mais ils n'osent
Approcher de toi seulement

Un moment.

Que ta voix si jeune et si vieille,

Qui m'éveille,
Vient me délivrer à propos

Du repos!

Ta muse, ami, toute française,

Tout à l'aise,
Me rend la sour de la santé,

La gaieté.

Elle rappelle à ma pensée

Délaissée
Les beaux jours et les courts instants,

Du bon temps.

Lorsque, rassemblés sous ton aile

Paternelle, Échappés de nos pensions,

Nous dansions;

Gais comme l'oiseau sur la branche,

Le dimanche,
Nous rendions parfois matinal

L'Arsenal.

La tête coquette et fleurie

De
Marie
Brillait comme un bluet mêlé

Dans le blé.



Tachés déjà par l'écritoire,

Sur l'ivoire
Ses doigts légers allaient sautant

Et chantant;

Quelqu'un récitait quelque chose,

Vers ou prose,
Puis nous courions recommencer

À danser.

Chacun de nous, futur grand homme,

Ou tout comme,
Apprenait plus vite à t'aimer

Qu'à rimer.

Alors, dans la grande boutique

Romantique,
Chacun avait, maître ou garçon,

Sa chanson.

Nous allions, brisant les pupitres

Et les vitres,
Et nous avions plume et grattoir

Au comptoir.

Hugo portait déjà dans l'âme

Notre-Dame,
Et commençait à s'occuper

D'y grimper.

De
Vigny chantait sur sa lyre

Ce beau sire
Qui mourut sans mettre à l'envers

Ses bas verts.



Antony battait avec
Dante

Un andante;
Emile ébauchait vite et tôt

Un presto.

Sainte-Beuve faisait dans l'ombre,

Douce et sombre,
Pour un oil noir, un blanc bonnet,

Un sonneta.

Et moi, de cet honneur insigne

Trop indigne,
Enfant par hasard adopté

Et gâté,

Je brochais des ballades, l'une

À la lune,
L'autre à deux yeux noirs et jaloux,

Andalous.

Cher temps, plein de mélancolie,

De folie,
Dont il faut rendre à l'amitié

La moitié!

Pourquoi sur ces flots où s'élance

L'Espérance,
Ne voit-on que le
Souvenir

Revenir?

Ami, toi qu'a piqué l'abeille,

Ton cour veille,
Et tu n'en saurais ni guérir

Ni mourir;



Mais comment fais-tu donc, vieux maître,

Pour renaître?
Car tes vers, en dépit du temps,

Ont vingt ans.

Si jamais la tête qui penche

Devient blanche,
Ce sera comme l'amandier,

Cher
Nodier.

Ce qui le blanchit n'est pas l'âge,

Ni l'orage;
C'est la fraîche rosée en pleurs

Dans les fleurs.






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Alfred de Musset
(1810 - 1857)
 
  Alfred de Musset - Portrait  
 
Portrait de Alfred de Musset


Biographie / chronologie

1810

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SOUVENIRS ET TÉMOIGNAGES DE CONTEMPORAINS
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