Achille Chavêe |
Fils d'un prêtre et de quelle église Enfant de quelle mère aux ferments apaisés Pour jouets j'ai pris les vases sacrés Multipliant les sacrilèges Il est mort sans déséquilibre Tel un enfant fraîchement baptisé Plus près de sa divinité Que de nous et que de lui-même Je sais le chemin du cimetière Je sais parmi d'autres tombeaux Son blanc tombeau de blanches pierres Je m'y recueille sans pleurer Mais quand l'autre sera prise Toi ma vieille maman moi-même Toi dans mes douleurs et dans mon cour Moi qui ne suis que toi libéré Toi dont je suis la substance révoltée Toi dont je suis le ferment levé Toi dont ma vie est insinuée Toi ma mère d'hérédité Je serai près de toi dans la tombe Pour que tu n'aies pas froid au néant Je serai ton enfant fidèle maman Tu me pardonneras d'avoir souffert en toi Soufflait l'ouragan de la vie Sifflait l'ouragan de révolte Au berceau de ta renaissance Et tu as joint l'inétendue Un vertige spiralisé Dans l'égarement de l'absolu Masochiste de ta beauté Ton destin fut matraqué Au carrousel du point absurde. Tu es l'enfant spirituel Du rameau le plus douloureux De la tribu occidentale Tu es l'amant le plus charnel En la souche voluptueuse De la tribu orientale Tu es le saint le plus maudit En ascendance incestueuse De la tribu paradoxale. Décembre 1932 Ridiculement dominicale la cité Etire de paresse prolétarienne La maigre grâce de sa pauvreté. Laid grand maigre fantasque D'une laideur intransigeante Je flâne parmi les manuels. Intrinsèquement je vais Anonyme et non sans orgueil D'aimer ainsi mes frères. Une horreur d'église est là, Briques deux urinoirs la flanquent, Encensoirs de logique pure Moi je suis l'homme d'un clan, Un café bourgeois m'interpelle D'outrecuidance involontaire. O je suis infiniment triste De je ne sais quelle pitié De toute révolte dépouillée. Décembre 1932 Sans doute nous faudra-t-il mounr Sans un léger espoir Sans avoir rien reçu Ni vaincu ni conquis Sans une ambition Bêtement pur Sans un viol sur la conscience Que Ton tient on ne sait d'où Le bel orgueil D'être seul simple lapidaire A croire par moment Qu'il demande être connu. Il n'est cependant pas question Même si nous pouvions le faire De démarquer en nous Le vide et l'absolu. Après tant d'amour donné Même si rien d'autre n'est découvert En notre cour Que l'approximatif et déroutant critère De l'inquiétude innée Dans le goût du malheur Même si le pacte indissoluble Qu'un jour A dû signer notre enfance confiante Nous le devons payer En lourd tribut de logique dirigée Nous resterons douloureusement fidèles Aux destinées Qui ont partie liée Avec l'âme du monde. Juin 1934 Le calme qui n'a pas d'armes blanches Le délire qui en sait trop long Le désert perché dans les branches Derrière mon cour, il y a mon cour Il y a d'autres sincérités Il y a les cent pas perdus Que je dois réhabiliter Rivages spontanés des mers mortes Mourir pour l'amour de l'amour Il est trop tard pour un rachat. Juillet 1934 |
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Achille Chavêe (1906 - 1969) |
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