QUAND J'ÉCRIS UN POÈME - Poéme Divers

Quand j'écris un poème
C'est qu'au cour de la lutte
Je sens à même ma peau
Le péril qui renifle
C'est que le doute
Âpre fumée d'opium
M'enveloppe l'âme
Et tente de me noyer
C'est que mon bras faiblit
Et que mon âme ne renonce pas
C'est que chacun de mes débris
Dispersés à tout vent
Entame le chemin à rebours
Pour refaire l'unité

Quand j'écris un poème
Je jette un boumerang
Je fais front au chaos
Je me mets en boule
Pour mieux encaisser les coups
Quand je ne peux les esquiver
Je gère mon endurance
Pour une marche qui s'annonce longue
Et les mots écris suinte
Le sang et la sueur
La résistance et la pugnacité
Quand j'écris un poème
Je dis que même agonisant
Je ne me rends pas
Et que l'adversaire
Même triomphant
Sera embarrassé par
Les cris vindicatifs de ma dépouille

Quand j'écris un poème
Je clame qu'un homme
Même seul parmi l'hostile multitude
Porte en lui toute l'humanité
Et que si l'abîme l'attend
Au bout de sa lutte
Il y sombrerait insoumis
L'âme ceinte dans son serment
Celui de ne jamais renoncer
À soi-même, à ses idéaux
Même happé par le néant

Car n'est-il pas vrai
Que tout surgit de rien
Et que le néant est peuplé
De rêves en gestation
Que tout rêve n'a de vocation que d'éclore
Que l'éclosion est un bondissement
Que le bondissement est une danse
Que la danse est une allégresse
Celle d'une vie qui ne connaît
Ni fin ni commencement ?

Quand j'écris un poème
Je sais que je ne suis pas vaincu
Puisque j'écris encore
Et que c'est l'ultime preuve de ma survie
Parce que le poème est mon ultime refuge.