dites-lui que je l'aime - Poéme Tristesse

Je vogue sur le grand océan,
dans ce gigantesque bateau :
Dieu que c'est beau ,
le ciel ,les goélands ,la mer
ce n'est pas la galère ,
mais le grand paquebot
de croisière ,
réputé «insubmersible» .
La vie est belle ,
et puis ces jolies demoiselles
qui bronzent seins nus ,
qui se baignent allègrement :
comment imaginer un quelconque drame
ne serait-ce qu'un instant .
Soudain ,j'aperçois au loin comme un reflet
un reflet qui fait flash ;
puis j'entends un immense bruit de crash.
Le Capitaine très paniqué
nous oblige à porter des gilets ;
il fait mettre les chaloupes à la mer.
Alors ,cette subite lumière
c'était bien celle de la Mort ,
qui survient quand on s'y attend le moins ,
les griffes du Malin ont lacéré la coque;
je me noie ,je suffoque ;
mais j'ai eu le temps de sauver mes deux bambins ;
juste avant que ma tête s'enfonce,
je leur adresse cette semonce :
«Dites à maman que je l'aime» .
On n'est jamais assez prudent .
Le responsable était un gigantesque iceberg
à la dérive ;il paraissait si petit ,
pouvant être cassé en mille par l'insubmersible
mais on ne voit jamais la face cachée de l'iceberg
de loin la plus terrible.
Et puis non ,il faut bien mourir ,
d'une façon ou d'une autre.
Quand la mort est là ,impitoyable,
il n'y a pas de coupable ;
ou peut-être si ,notre «péché originel».
Maintenant que je suis au Ciel ,
je supplie Dieu que de tels drames soient évités ,
mais Il fait souvent la sourde oreille .