wikipoemes
paul-verlaine

Paul Verlaine

alain-bosquet

Alain Bosquet

jules-laforgue

Jules Laforgue

jacques-prevert

Jacques Prévert

pierre-reverdy

Pierre Reverdy

max-jacob

Max Jacob

clement-marot

Clément Marot

aime-cesaire

Aimé Césaire

henri-michaux

Henri Michaux

victor-hugo

Victor Hugo

robert-desnos

Robert Desnos

blaise-cendrars

Blaise Cendrars

rene-char

René Char

charles-baudelaire

Charles Baudelaire

georges-mogin

Georges Mogin

andree-chedid

Andrée Chedid

guillaume-apollinaire

Guillaume Apollinaire

Louis Aragon

arthur-rimbaud

Arthur Rimbaud

francis-jammes

Francis Jammes


Devenir membre
 
 
auteurs essais
 

Valère Novarina



Le discours aux animaux - Poéme


Poéme / Poémes d'Valère Novarina





J'ai vécu pour me venger d'être.

Je recommencerai toujours le monde avec l'idée d'un ennemi derrière moi.

Si on crache toutes ses pensées par terre, d'où vient qu'elles tombent rien qu'en paroles?

Halte-là, qui gît? Hic et ici est la tombe de l'enfant Écarnicien du temps que je fus de temps en temps. Ce crâne, au bout de mes dents est-il celui d'enfants qui existent? Hic est la tombe de l'enfant Charnicième du nom. Rien plane au-dessous, rien plane au-dessus. Hé, pauvre Rie, dis salut à l'espace grand ! - Salut espace petit, tout froid soleil, hauteurs toutes basses, plafond sous planches ! J'ai vécu dans des lieux dont on connaît plus les endroits.

À la vie qui vaille, aucun cimetière vaut rien pour rien. Ici tomba Louis, ici lutta Jean Bref. Ici souffrit l'enfant Pénultërin. Ici pensa le recteur Ténébron. Ici je me pendis moi-même en me voyant d'avion. Ici aucun homme ni plus marcha, né n'a marché, ni n'entra, ni ne fut. Ici, dans cette toute petite chose en terre de par terre, entra l'homme de Lutta-Hucha qui fut un qui se prit vingt ans de suite pour moi-même. Dites ce qu'il a dit si vous êtes lui !

Paroles d'un muet, chantées dans sa tete

Quand tu entends, demande au trou qui parle s'il est autrement qu'en nous, et dis-lui qu'il nous perce par sa cavité. » Paroles d'un aveugle : « Si tu vois Dieu, méiïe-toi de lui : c'est lui qui voit partout dans le noir, qui te distingue en fourmi noire sur une pierre noire dans la nuit noire. » Paroles d'un nu : «Alors l'homme avala sa nudité et il vit qu'elle est là. » Il dit à sa bouche qu'elle s'élève et se parle toute seule à elle-même, cent centimètres au-dessus des choses du bas. Où logeait-il ? Nous sommes fermés dans un carré faisant mille centimoches de tour de rien, plus des virgules monométriques qui nous assaillent de part en part.

J'ai fait les cent pas ; j'ai reconnu aucun des nombres de mes actions ; j'ai construit en pensée un lieu toujours où n'être pas ; j'ai voulu mourir pour me venger d'avoir été. J'ai retenu aucun des noms qui parlent tout seuls dans la nuée. Tout air que nous lançons, nous ne l'entendons que quand il résonne hors de nous-mêmes. Animaux museliers, animaux, musicières inarticulées, rusicières sans sons, venez nous arracher le reste de nos oreilles restantes ! Nous entendrons enfin garçons, l'air qui sonne dans l'air où nous trouverons le seul trou par où des bêtes qui viennent pourront entendre parler.

Plancher, cesse de coucher à l'horizon ! Planche, reste en bas maintenant sous mes pas. C'est sur toi que je dois maintenant entrer l'Homme de Trou au Milieu. Matière, viens dire si j'ai le cadavre assez divisé; parle en moi. Entre l'Homme à qui il n'est rien arrivé. Il est sorti avant d'entrer.

On rappelle plus mon nom. J'ai recommencé toujours le monde avec l'idée d'un ennemi de quelqu'un à personne par derrière. J'ai plus trouvé personne qui soit. - Au cas où on vous questionne, dites que vous êtes l'Homme de Quoi. S'ils veulent qu'on en sache plus, dites que vous êtes l'Homme de Trop.



Décline-toi, garçon ! Vingt-huit syptiambre mille vingt-trois sec. né à F.rmont et mort à Bref : un vingt-sept quatre. Si j'étais lui, j'eusse cent fois trois fois raison de méfaire soixante-dix fois simplement sa même chose. Ainsi donc par exemple depuis ma naissance j'ai souvent respiré soixante-quinze fois par dix minutes de suite. Combien de fois trois aije respiré un chiffre visible, coupable en deux? Ce va être la sept cent dix mille billiardième fois et à la fin de cette phrase qui va sonner le la, la septième trois trimilliardième de huit de huit de ut que je reste là.



J'ai respiré depuis que je suis dans la vie huit mille sept fois par six minutes. En x temps j'ai respiré six fois par quatre, ce qui fait ici la huit cent dix millième billiardième partie vive de ma vie envolée respirée en soupir : douze fois font deux cent trois. Somme divisible par deux, qui donc est bonne. Hé du gardien, par chaque poumon, ça fait combien? On est déjà au huit mille huit billionième. Enfant huit, vous venez d'entrer dans la septième, partez de votre vie : elle est passée au même instant où vous dites neuf.

Si un jour je suis, vous offrirez ma viande de vie aux animaux. Si un jour je suis, je vous offrirai ma vie pour la manger. Rien correspond aux sons que j'entends. J'ai peint mes deux oreilles qui sont en bleu : j'avais déjà peint les deux pieds de ma chaise en vide. Enfant, j'avais déjà peint de travers un chien tout noir entier en blanc, avec un trou noir au milieu pour voir dedans, percé lui-même d'un blanc pour voir derrière.

Aucune vie vaut plus la peine qu'on la raconte sauf la mienne si elle est courte. La sienne par exemple. Sept huit soixante-treize, huit huit. J'ai vécu dans Jean qui porte, j'ai vécu dans l'Homme de Trop, j'ai vécu enfant, j'ai vécu en femme huit, j'ai survécu mon survivant, j'ai persécu l'enfant Ulban, j'ai vivu d'aises et d'incapacité. Redites son nom avant de parler ! Un jour, j'ai bien failli être le lendemain dénommé l'Homme qui vous quitte la veille. Car je vivais dans l'Homme de Rien qui passe sa vie avant qu'elle soit.

Homme de la Terre, dis-nous la suite de ta dernière ! Je peux plus la dire, j'ai trop mal aux treize pattes et mes huit fesses tout à travers encore meurtries par les séances. Sujet, dites la vie de la liste qui est la courte que vous vécûtes. J'en sais tout juste l'erreur par cour : Treize cent vingt-six quatre-vingt-trois et des années d'une tierce de deux et des poussières et des millions de secondes qui nullent.



Contact - Membres - Conditions d'utilisation

© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.

Valère Novarina
(1947 - ?)
 
  Valère Novarina - Portrait  
 
Portrait de Valère Novarina
mobile-img