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Paul Morin



Syndérèse - Poéme


Poéme / Poémes d'Paul Morin





Mon ami m'a écrit : «
Ne te rebelle plus.
Nous sommes vieux.
Tous les livres sont lus.
Les femmes rient quand nous touchons leurs mains, et celles que la mémoire évoque, dans les jardins, sont aujourd'hui vieilles ou mortes.
Ne crois-tu pas qu'il soit temps que tu sortes de ce palais à l'émail lézardé où ton amertume se terre comme un calife solitaire, obèse et fardé,

qui essaie furtivement le fil de ses dagues avant de vendre aux
Juifs ses paons caducs, ses aiguières et ses bagues ?

«
Range-toi,
Brummel adipeux, et si tu peux

te pencher sans perdre le souffle, remplace à ton talon l'aile par la pantoufle.
Tu es sourd et boiteux, néphrétique et myope, ton
Pégase a troqué l'azur pour l'abreuvoir et, quand on en est là (souviens-toi de
Mérope), « la vie est un opprobre et la mort un devoir... »



Ce n'est pas vrai.

Mon corps est puissant et secret :

mon cour sait frissonner, quotidien miracle,

quand l'aube passe, en sandales de nacre ;

je puis encor pleurer en écoutant
Mozart,

et la fontaine
Bellerie

n'a jamais son onde tarie

quand j'ouvre mon
Ronsard ;

mes yeux

sont encore éblouis par un vol de ramiers,

par un front pur, par Érigone en feu

dans les deux constellés...

Je ne suis pas celui dont vous parlez.

**

Et pourtant -

s'il avait raison ?

Peut-être, somme toute, ne suis-je qu'un barbon

qui cache son poil blanc

sous la perruque d'or d'un
Pétrone égrotant ?

Un tumulte héroïque emplit mon crâne chauve,

mais la lyre de mes vingt ans,

(alors d'ivoire et d'argent)

n'offre à mon plectre impotent

que trois cordes de guimauve...



Gnôthi seauton

(ainsi qu'on lisait au fronton

du temple de
Delphes) ;

tu es gras à lard, ne joue plus les elfes,

ne t'obstine pas à cueillir la rose

- ça conduit à l'artériosclérose,

et, si ru tiens pour sage d'éviter l'angine,

emballe ton rêve dans la naphtaline.

Je crains fort, vénérable galvaudeux,

qu'il ne faille sonner un discret couvre-feu

au clocheton de tes ébats.

Substitue à ton stick un austère cabas,

au gibus de chez
Lock le melon du notaire

(pardon, mon vieux
René *, pardon, mon cher

Rosaire ** !), la robe de chambre au plastron, à l'escarpin verni le podagre chausson...
De ces rapides irisés, mais perfides, émerge

vers la sûre et pratique berge où déambulent, impavides, ton épicier et ton concierge ; à des autels païens cesse d'officier et, sous ton toit, claustre-toi, tel le béat et placide concombre.



Tous tes petits dieux lares te feront bon accueil :

ton chapelet, ta pipe, ton pyjama grenat,

Monsieur de
Saint-Simon et cette pauvre
Anna

(Je viens, portant sur moi la fraîche odeur de l'ombre...)

le couple si simpatico que font

le double
Haig &
Haig et le grinçant siphon,

les somnifères aux trop obligeants vertiges,

et ton lit

(Va soli !)

gémissant,

témoin désabusé de poussives voltiges,

qui ressemble si extraordinairement

à un cercueil.





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Paul Morin
(1889 - 1963)
 
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