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Paul Morin



Le berceau - Poéme


Poéme / Poémes d'Paul Morin





Mon père m'avait dit : «
Lorsque tu seras grand,

En courant le monde à ton aise,
Peut-être verras-tu le doux pays normand

D'où te vient ton âme française.



Sans fastes et sans gloire, humble, étroit, familier,

Ce n'est qu'un tout petit village...
Souviens-toi que le sort a voulu te lier

À ce modeste paysage.



Souviens-toi que ce calme et paisible hameau

Est la source claire et profonde
Du sang latin tumultueux, hautain et beau,

Qui dans ton cour murmure et gronde.



Mon fils, je veux qu'un jour, frémissant et pieux,
Dans l'ombre froide des grands hêtres,

Tu ailles au cimetière silencieux Écouter la voix des ancêtres.

Tu leur diras, lisant les noms que le soleil



A ternis sur les croix austères,
Que nous gardons ce sang, durant leur long sommeil,

Pur, et sans tare, et sans mystère ;





Que je fus toujours droit, et mon père avant moi,
Et tendre à l'humaine souffrance,

Et que j'ai mis en toi le travail, et la foi,
Et l'amour sacré de la
France. »

Je ne savais de vous, cher pays, que ce parc
Gravé dans mes livres d'images,

Ces châteaux délicats, ces églises, et l'Arc
Que l'on explique aux enfants sages...

La
France, alors, pour moi, ce n'était que
Paris,

Et peut-être, espoirs ineffables,
Que vivaient encor là mes auteurs favoris,

Berquin, et le
Bonhomme aux fables ?

Je rêvais vaguement d'un ciel au tendre azur

Et d'une rivière argentine,
Des jardins, dont parle
Madame de
Ségur,

À l'ordonnance sobre et fine ;

Mais quant à converser avec ce vieux grison

Dont l'ovale miniature
Bombait le hausse-col d'or, au mur du salon...

Ah non !
Père faisait de la littérature.

Mais depuis, j'ai connu le tranquille vallon
Fleuri de fenouil et d'armoise



Où parmi les toits lourds de lierre et de houblon
Jaillissent trois clochers d'ardoise.

Trois cloches à l'aube sonnèrent :
Saint-Rémi,

Nonancourt, et la
Madeleine ;
Des ramiers blancs volaient sur le bourg endormi,

L'air bleu fleurait la marjolaine...

J'ai vu tes nobles lys, jardin silencieux,

Fleurir près du seuil où vécurent
Les soumises aïeules et les durs aïeux,

-
Seuls joyaux de leurs vies obscures - ;

Et fier, et les yeux pleins de larmes, j'ai cherché

Dans la verte fraîcheur des rues,
Du presbytère à la grand'place du marché,

Les chères ombres disparues :

Ton grand-oncle le vieil
Abbé, le
Président

Roide et poudré, la pâle nonne
Morte en odeur de sainteté dans ce couvent,

Blanche âme aimante et monotone ;

L'école à girouettes où l'on enseigna
Au gamin qui fut mon grand-père,

Inconsciemment, de haïr
Catilina
Et de goûter
François
Voltaire ;

Et la collégiale aux meneaux délabrés
D'où, depuis tant de siècles, l'heure

Tombe en chantante pluie, et les degrés marbrés
Des petits ponts jetés sur l'Eure...



Ah, j'ai tout vu, du
Puits-Tiphaine au vieil ormeau
Dont les feuilles baignent dans l'Avre,

Et je crois comme toi,
Père, que ce hameau, -
Halte choisie, ultime havre -

Dont le sonore nom charma confusément
Mon âme d'enfant, comme une onde

Fraîche et profonde, est bien - ô cher pays normand !
Le plus bel asile du monde.



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Paul Morin
(1889 - 1963)
 
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