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Othon de Grandson



La pastourelle grandson - Poéme


Poéme / Poémes d'Othon de Grandson





Une jeune, gentil bergère

Et un simple loyal berger

Vis jadis sur une rivière

Entre les autres soulacer *

Tôt après ouïs commencer

Au berger demandes et plaintes,

De joye peu, de douleurs maintes.

Car il disait en sa clamour

Et en jurait saints et saintes

Que trop le tourmentait
Amour.

La bergère, plaisant et belle,

Qui de tous biens savait assez,

Lui répondit : «
Certes, fait-elle,

De trop grand tort
Amour blâmez,

Puisqu'à lui vous êtes donné

Et mis tout en sa gouvernance.

Votre cour doit prendre plaisance

A tout ce qui est son vouloir

Et recevoir en suffisance

Le bien que vous pouvez avoir. »

«
Belle, s'il vous plaisait à dire,

Dit le berger en complaignant,

Quelle chose me doit suffire

Et quelle ne m'est suffisant,

Le dieu d'Amour prends à garant

Que volontiers content seroye.



Mais
Amour veut que doubteux * soye

Quand à plusieurs vois désirer

Ce que tout seul avoir voudroye

Et si ne l'ai pas à garder. »

«
Donc, dit-elle, nul n'a puissance

De tolir * aux gens le penser,

Soit de montrer leur contenance,

De rire ou de regarder.

De ce nul ne les peut garder.

Mais qui en
Loyauté se fie,

Je crois
Amour ne s'en plaint mie.

Ainsi lui plaît que honneur fasse,

Soûlas * et bonne compagnie,
Pour acquérir bon nom et grâce. »

«
Cour gracieux, ne vous déplaise,

Ce dit le berger douloureux,

Cuidez *-vous que mon cour soit aise

Quand de vous suis fort amoureux,

Et je peux voir un ou deux
Ou cinq ou dix ou vingt ou trente,
Qui chacun d'eux met son entente

En moi vers vous désavancer ?

Certes,
Amour, veut que je sente

Ce qui me nuit et peut aider. »

«
Et quand
Amour n'y a pensée,

Intention ni volonté,

Pourquoi est-elle donc blâmée

Si les nices font niceté ?

Quand
Honneur garde loyauté,

Ce dit la bien sachant pasteure,

Amour aurait vie trop dure

Si jeunesse ne se jouait.



Autant vaudrait tort que droiture,
Si nul en bien ne se fiait. »

«
Belle, voir * est ce que vous dites,

Que jeunesse se doit jouer

Et de tous biens doit être quitté

Cil qui ne s'y ose fier.

Mais s'il vous plaisait aviser

A qui se doit jouer jeunesse,

Fors * à honneur et gentillesse,

Et là où ses yeux sont bien pris,

Car folour *, cuidier * et rudesse *

Donnent souvent blâme pour prix. »

«
Donc voudrais-je bien apprendre,

Dit-elle, et moi accointer

Par quel tour je me dois défendre

De cette gent accompagner.

Si un fol me dit son cuider *,

J'ai ma réponse toute prête

Devant tous loyal et honnête.

Mais quand nul ne me parle rien

On doit d'honneur fuir la fête

Ni laisser à montrer ses biens. »

«
Si répondre je vous osoye

Selon ce que je sens et sais,

Certes, belle, je vous diroye

Que loyauté en fait l'essai.

Car qui aime de fin * cour vrai

Il y faut montrer sa manière

Selon son cour, forte ou légère.

Et quand
Amour règne bien fort,

Bel
Accueil s'en tient si arrière

Que nul cuider n'y prend confort. »



Si
Bel
Accueil ne venait mie

Fors en un lieu tant seulment,

Si dit la bergère jolie,

Chacun verrait appartement

Là où amour du cour entend,

Dont honneur pourrait avoir blâme

Et encontre raison diffame.

Et si amour se doit celer,

Il convient doncques une femme

De plus d'un veoir * et parler. »

«
Je ne dis mie le contraire,

Mais tel parler et tel veoir

Ne doivent conforter ni plaire

Nul de ceux qui font leur pouvoir

De votre grâce recevoir.
Puisque vous savez leur courage
Par leur dit ou par leur message,

Si plus fort ne les étrangez *

Ils cuident bien que leur langage

Vous soit plaisant, dont ils sont liés *. »

«
Je fais souvent grant abstinance

De vivre ainsi que je vueil '.

Mais dessous autrui gouvernance

Me faut départir mon accueil

Sans épargner joie ni deuil.

Et, puisque loyal suis trouvée

Et je serai loyal prouvée,
Cuide chacun ce qu'il voudra.
Car où que bonté soit celée
Toudis * le bon la trouvera. »



«
Belle, des bons n'avez-vous doubte *

Car ils bien disent et bien font

Mais les nices * n'y voient goutte

Quand en penser sont bien parfonts *.

Par folie le bien défont

Et prennent sur eux vos semblances,

Vos regards et vos contenances

Et tout ce qui leur peut valoir.

Et après en font leur vantance

Et cil n'en disent de rien voir. »

«
Ils peuvent prendre par folie
En eux mes regards et mes yeux,

Mais rien que je fasse ni die '

A mon propos n'est pas pour eux.

S'ils sont dolents, s'ils sont joyeux

Il ne m'en chaut *, je n'en ai cure.

Franche suis, loyal nette et pure,

Je mets les médisants au pis
Les vanteurs ont bien leur droiture

Car les maîtres en sont honnis.

«
Je maintiens d'Amour la parole,

Mais les faits sont maîtres de moi.

Quand
Loyauté tiendra école,

Chacun étudiera pour soi.

J'ai grand désir et bonne foi

De lire du livre de
Joye,

Et plus volontiers le sauroye

Par cour pour mes maux alléger,

Mais si par vous ne le lisoye,

Autre ne m'en pourrait aider. »



Nul ne peut ce livre lire

S'il n'est suffisant ni patient.

Amour le fait de gré écrire

Invisible pour maintes gens

Qui y regardent tout leur temps

Et cil n'y connaîtront ja lettre.

Car qui à lire se veut mettre,

II ne doit pas si clair veoir

Qu'il veuille tout ce qui peut être

Encontre lui apercevoir. »

«
Comment peut ce loyal cour faire
Quand
Amour gouverne son sens ?

Veoir son mal et puis soi taire

Et feindre qu'il soit bien content ?

Certes, selon ce que je sens,

Comme la mort le souffrirais

Malgré moi, quand mieux ne pourrais.

Mais là où son amour feindrait

De celui cour je jugerais

Que sans douleur le souffrirais. »

«
El puisqu'il est donc la manière

Que servant veulent chalenger *,

Amour se doit tenir si fière

Que toudis soyent en danger

De requérir et de prier

Pitié, merci, miséricorde.

Quand
Amour les tient en sa corde

Faire son gré en peut et doit,

Car sa grâce ne ci accorde,

Sur lui n'ont chalenge ni droit. »

«
Chalenger ne sais ni pourrais.
Crier merci est mon métier.



Mais si par trop ne vous aimais,
Mieux sauroye mon cour aiser,

Sans lui grever ni ennuyer,
Par rage ni par jalousie,

Par doubtance ni par envie.

Et qui tel chalenge querrait,

Là où amour est refroidie,
Ja un tout seul ne trouverait. »








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Othon de Grandson
(1340 - 1372)
 
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