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Jean de Sponde



élégie - Élégie


Élégie / Poémes d'Jean de Sponde





Vous languissez, mes vers, les glaçons de l'absence

Éteignent vos fureurs au point de leur naissance,

Vous n'entrebattez plus de soupirs votre flanc,

Vos artères d'esprits, ni vos veines de sang.

Et quoi ! la mort vous tient ? et ce front teint en cendre

Vous marque les tombeaux où vous allez descendre ?

Si vous pouviez encor revoir dedans les cieux

Ce feu, qui s'est caché des pointes de vos yeux,

Vous vivriez, dites-vous, mais la clarté ravie

Ravit en même temps l'éclair de votre vie.

Vous ne sauriez passer vos jours parmi les nuits,

Ni faire beau visage en ces affreux ennuis.

Ce contraire est trop grand : vivre auprès de ma belle

Et n'approcher la mort quand on s'éloigne d'elle.

Il faut doncquesa mourir et par nécessité

Qu'à la fin votre hiver succède à votre été.



Tout ainsi que l'on dit de ce mont embrasé,
Dont le soufre et le vent ne peut être apaisé,
Qu'il ne vomisse en haut, des cavernes profondes
D'un abîme grondant, ses feux à grosses ondes,
La neige d'alentour fondant à gros monceaux
Au lieu de l'étouffer l'enflamme avec ses eaux,
Mon cour brûlant de même en même violence
Brandons dessus brandons devers le ciel élance,
Et quoique le feu meure en la glace autrement,
Mes feux tout au rebours y trouvent aliment.
Mourez, mes vers, mourez, puisque c'est votre envie,
Ce qui vous sert de mort me servira de vie.



La nature est flottante, et par ses mouvements
Elle se peint le front de divers changements;
Et son être incertain est un certain présage
Qu'ainsi comme elle perd visage après visage
Elle perdra sa vie à la fin par la mort;
Mais mon amour constant qui jamais ne démord
Ne change point du tout et sa vie étouffée
Ne servira jamais à la mort de trophée.
Enfin j'aurai dit vrai, ne fût-ce que ce point.
Que j'aime de l'esprit, et l'esprit ne meurt point,
Mourez, mes vers, mourez, puisque c'est votre envie,
Ce qui vous sert de mort me servira de vie.



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Jean de Sponde
(1557 - 1595)
 
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