Méfiez-vous - Poéme

Méfiez-vous : sous l'oil se dissipe l'image

de l'homme que l'on mange, car d'Hommes il est peu, - le reste étant fumage,

ou vide et morte fange.

Ainsi tout ce corps frais qui vous semble d'un homme

n'est pire qu'un sur-nombre dont le temps multiplie et falsifie la somme

sur les ombres d'une ombre.

Je dis d'Hommes : sinon d'une métamorphose

coutumière au théâtre par quoi passent le fil, le fer, le feu, la rose

avant d'être de plâtre.

Et s'il n'est la moindre âme où se feint sous un homme

que de ponce ou mica l'espèce transmuée, - cassez le métronome,

s'étonne qui pourra :

cassez et méprisez!
Mais s'obstine l'oil joint qui ne sait ni ne tient!

Vous croyez voir un homme où d'autres n'en voient point : parce qu'il n'y a
Rien.