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Georges Mogin

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AU COUR DU TEXTE: LA MEDIATION


Poésie / Poémes d'Georges Mogin





Toute poésie, énonce le groupe |i. implique «d'une part la position d'une opposition fondamentale et d'autre part la médiation de cette opposition ».



Ces oppositions, nous les avons plus d'une fois vues à l'ouvre chez Norgc : elles structurent l'univers en réseaux antinomiques : matérialité/ spiritualité, nature/culture, humanité/ transcendance, horizontalité du monde/ verticalité des pulsions.

Mais la poésie - comme le mythe ou le symbole - permet de jeter un pont entre les aspects contradictoires du réel : entre l'inerte et le vivant, entre la vie et la mort. Une fois que ces oppositions sont entrées dans la conscience, une nouvelle unité peut s'élaborer entre elles. La médiation symbolique consiste à modifier deux termes inconciliables (par exemple la mort et la viE) en leur trouvant deux équivalents (par exemple la guerre et l'agriculture, activités humaines qui sont entre elles comme la mort et la viE), équivalents qui admettent, eux. des intermédiaires (dans notre exemple, la chasse, qui consiste à tuer pour manger, est parente de la guerre et de la culture, et allie donc la mort et la viE). Dans ce type de médiation, les contraires restent contraires, mais admettent la possibilité d'un rachat de leur contrariété.



Or on a vu que les actes médiateurs étaient l'essentiel de la thématique norgienne. Que sont en effet - outre cette chasse qui a suggéré le titre du Gros Gibier - le vol. le labour, le jeu. l'amour, la création, la libation et l'ingestion, sinon des actes de médiation entre l'homme et le cosmos? Dans 1e vol. l'homme subit le ciel, mais l'affronte, comme Icare, pour y marquer sa traînée. Dans le labour, il marque la terre ennemie de son sillon. Le travail de la mine, qui a inspiré plusieurs textes émouvants, est à la fois sujétion à la nature brutale et domestication de sa force dans sa transformation en énergie. Dans l'élaboration d'aliments, illustrée par Le nègre boulanger (G.G.. p. 134). l'autonomie du monde n'est pas abolie (les plantes poussent, la vigne meurt du geL), mais l'artifice humain est total : ni le pain ni le vin n'existent dans la nature, que l'homme culturalise par le pétrissage ou la fermentation. Quant à la dévoration. il est inutile d'y revenir. On a vu quel rôle médiateur cet acte s'attribuait dans la démarche norgienne. Même des objets isolés - et non plus des procès - peuvent remplir cette fonction. Il en va ainsi de l'arbre qui. dans sa volonté de verticalité, dynamise l'opposition du sol et de l'air.

Le souci constant de la médiation est à mettre en relation avec de grandes caractéristiques du texte norgien : la fréquence de la citation, la présence constante du thème de la langue.

L'intertextualité est en effet indissociable de la médiation symbolique : celle-ci ne peut pleinement opérer dans un texte que lorsqu'elle fait référence à un autre discours qui lui préexiste - celui de la légende ou celui du savoir. Car les anecdotes, les mythes, les épopées, les dictons auxquels le poème renvoie ont déjà élaboré une médiation qui est ainsi convoquée dans la lecture.



Mais un des traits majeurs de l'art de Norge est que l'écriture s'y tend à elle-même un miroir où elle se reconnaît. Si Norge commente peu ses propres écrits, sa poésie ne cesse d'être un « an poétique ». C'est que le langage y tient une place de choix au rang des activités médiatrices. Comme le jeu - activité qui comprend à la fois une part d'aléas et des règles qui y introduisent l'ordre - le langage intériorise le chaos de l'univers et projette sur ce monde l'harmonie de ses structures.

De toutes les formes que revêt la langue, et que Norge explore inlassablement, la plus médiatrice est sans doute la rhétorique. J'entends évidemment le mot dans son sens moderne; est rhétorique ce langage qui tend à ne plus seulement transmettre des informations sur les choses, mais qui se fait chose lui-même. Cette palpabilité. le langage l'acquiert en se libérant de quelques-unes des règles qui régissent sa pratique habituelle : quand on lui assigne l'ordre arbitraire de la rime ou du mètre, ou quand on cesse d'appeler homme un homme mais gibier, mot un mot mais moisson. Ce langage-là est créateur, lui qui dissémine le sens : il façonne un monde autre, où le vin reste vin tout en étant aussi un sang réhabilité el donc victoire sur le temps. Mais surtout ce langage qui prend figure s'arroge un privilège exorbitant : celui de médier instantanémeni - et non plus progressivement, comme dans les actes évoqués plus haut - les contradictions. Instantanément, parce que le langage rhétorique les anéantit au moment même où il les pose. Qu'un poète ose l'alliance «charnel azur», et voilà qu'un pont est jeté entre l'homme et les mystères qui l'entourent. Voilà que, le temps d'un mot jeté, leur tension est résolue sans être pour autant abolie.



C'est ainsi qu'un anarchiste distingué ne cesse de nous rendre suspects les fabricants d'harmonie et de leur glisser sous les pieds les peaux de banane les plus glissantes, en même temps qu'il ouvre rageusement à la coïncidence des opposés, à la construction d'un monde libre de lois où la loi serait la réconciliation du tout et du soi-même : « Vache, veaux, corbeaux, poètes/ Aimez fort ce que vous êtes» (R., Oil pour oil, p. 32).






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Georges Mogin
(1898 - 1990)
 
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