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François de Vigny



Madame de soubise - Poéme


Poéme / Poémes d'François de Vigny





Poème du
XVI siècle



I



«
Arquebusiers! chargez ma coulevrine!
Les lansquenets passent! sur leur poitrine
Je vois enfin la croix rouge, la croix
Double, et tracée avec du sang, je crois !
Il est trop tard; le bourdon
Notre-Dame
Ne m'avait donc éveillé qu'à demi ?
Nous avons bu trop longtemps, sur mon âme!
Mais nous buvions à saint
Barthélemi.



II



«
Donnez une épée,
Et la mieux trempée,
Et mes pistolets,
Et mes chapelets.
Déjà le jour brille

Sur le
Louvre noir;
On va tout savoir : -
Dites à ma fille
De venir tout voir. »



III



Le
Baron parle ainsi par la fenêtre,
C'est bien sa voix qu'on ne peut méconnaître;
Courez,
Varlets,
Echansons,
Ecuyers,
Suisses,
Piqueux,
Page,
Arbalétriers !
Voici venir madame
Marie-Anne;
Elle descend l'escalier de la tour,
Jusqu'au pavé baissez la pertuisane,
Et que chacun la salue à son tour.



IV



Une haquenée
Est seule amenée,
Tant elle a d'effroi
Du noir palefroi.
Mais son père monte
Le beau destrier,
Ferme à l'étrier : - «
N'avez-vous pas honte,
Dit-il, de crier!



V



«
Vous descendez des hauts barons, ma mie;
Dans ma lignée, on note d'infamie
Femme qui pleure, et ce, par la raison
Qu'il en peut naître un lâche en ma maison.
Levez la tête et baissez votre voile :
Partons.
Varlets, faites sonner le cor.
Sous ce brouillard la
Seine me dévoile
Ses flots rougis...
Je veux voir plus encor.



VI



«
La voyez-vous croître
La tour du vieux cloître ?
Et le grand mur noir
Du royal manoir ?
Entrons dans le
Louvre.
Vous tremblez, je croi,
Au son du beffroi ?
La fenêtre s'ouvre,
Saluez le
Roi. »



VII



Le vieux
Baron, en signant sa poitrine,
Va visiter la reine
Catherine;
Sa fille reste, et dans la cour s'assied;
Mais sur un corps elle heurte son pied : - «
Je vis encor, je vis encor, madame;
Arrêtez-vous et donnez-moi la main;
En me sauvant, vous sauverez mon âme;
Car j'entendrai la messe dès demain. »



VIII



- «
Huguenot profane
Lui dit
Marie-Anne,
Sur ton corselet
Mets mon chapelet.
Tu prieras la
Vierge,
Je prierai le
Roi :
Prends ce palefroi.
Surtout prends un cierge,
Et viens avec moi. »



IX



Marie ordonne à tout son équipage
De l'emporter dans le manteau d'un page,

Lui fait ôter ses baudriers trop lourds,
Jette sur lui sa cape de velours,
Attache un voile avec une relique
Sur sa blessure, et dit, sans s'émouvoir : «
Ce gentilhomme est un bon catholique,
Et dans l'église il vous le fera voir. »



X



Murs de
Saint-Eustache!
Quel peuple s'attache
A vos escaliers,
A vos noirs piliers,
Traînant sur la claie
Des morts sans cercueil,
La fureur dans l'oil,
Et formant la haie
De l'autel au seuil ?



XI



Dieu fasse grâce à l'année où nous sommes!
Ce sont vraiment des femmes et des hommes;
Leur foule entonne un
Te
Deum en chour,
Et dans le sang trempe et dévore un cour,
Cour d'Amiral arraché dans la rue,
Cour gangrené du schisme de
Calvin.
On boit, on mange, on rit, la foule accrue
Se l'offre et dit :
C'est le
Pain et le
Vin.



XII



Un moine qui masque
Son front sous un casque
Lit au maître-autel
Le livre immortel;
Il chante au pupitre,
Et sa main trois fois,
En faisant la croix,
Jette sur l'épître
Le sang de ses doigts.



XIII



«
Place ! dit-il; tenons notre promesse
D'épargner ceux qui viennent à la messe. .
Place !
Je vois arriver deux enfants :
Ne tuez pas encor, je le défends;
Tant qu'ils sont là, je les ai sous ma garde.
Saint
Paul a dit :
Le temple est fait pour tous;
Chacun son lot, le dedans me regarde;
Mais, une fois dehors, ils sont à vous. »



XIV



- «
Je viens sans mon père,
Mais en vous j'espère (Dit
Anne deux fois,
D'une faible voix);
Il est chez la
Reine;
Moi, j'accours ici
Demander merci
Pour ce capitaine
Qui vous prie aussi. »



XV



Le blessé dit : «
Il n'est plus temps, madame,
Mon corps n'est pas sauvé, mais bien mon âme,
Si vous voulez; donnez-moi votre main,
Et je mourrai catholique et romain;
Epousez-moi, je suis duc de
Soubise;
Vous n'aurez pas à vous en repentir :
C'est pour un jour.
Hélas ! dans votre église
Je suis entré, mais pour n'en plus sortir. »



XVI



«
Je sens fuir mon âme!
Etes-vous ma femme ? »

- «
Hélas ! dit-elle, oui »,
Se baissant vers lui.
Un mot les marie.
Ses yeux, par l'effort
D'un dernier transport,
Regardent
Marie,
Puis il tombe mort.



XVII



Ce fut ainsi qu'Anne devint duchesse;
Elle donna le fief et sa richesse
A l'ordre saint des frères de
Jésus,
Et leur légua ses propres biens en sus.
Un faible corps qu'un esprit troublé ronge
Résiste un peu, mais ne vit pas longtemps :
Dans le couvent des nonnes, en
Saintonge,
Elle mourut vierge et veuve à vingt ans.






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François de Vigny
(1570 - ?)
 
  François de Vigny - Portrait  
 
Portrait de François de Vigny


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Biografie / cronologie

Conformément aux préoccupations constamment manifestées par l'écrivain, nous avons étendu cette chronologie dans la direction du passé, à la recherche de la noblesse des ancêtres, et dans celle de l'avenir, à l'écoute des échos de l'ouvre renvoyés par la postérité.

Bibliographie


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