wikipoemes
paul-verlaine

Paul Verlaine

alain-bosquet

Alain Bosquet

jules-laforgue

Jules Laforgue

jacques-prevert

Jacques Prévert

pierre-reverdy

Pierre Reverdy

max-jacob

Max Jacob

clement-marot

Clément Marot

aime-cesaire

Aimé Césaire

henri-michaux

Henri Michaux

victor-hugo

Victor Hugo

robert-desnos

Robert Desnos

blaise-cendrars

Blaise Cendrars

rene-char

René Char

charles-baudelaire

Charles Baudelaire

georges-mogin

Georges Mogin

andree-chedid

Andrée Chedid

guillaume-apollinaire

Guillaume Apollinaire

Louis Aragon

arthur-rimbaud

Arthur Rimbaud

francis-jammes

Francis Jammes


Devenir membre
 
 
auteurs essais
 

François de Vigny



L'esprit pur - Poéme


Poéme / Poémes d'François de Vigny





I



Si l'Orgueil prend ton cour quand le
Peuple me nomme,

Que de mes livres seuls te vienne la fierté.

J'ai mis sur le cimier doré du gentilhomme

Une plume de fer qui n'est pas sans beauté.

J'ai fait illustre un nom qu'on m'a transmis sans gloire.

Qu'il soit ancien, qu'importe ? -
Il n'aura de mémoire

Que du jour seulement où mon front l'a porté.



II



Dans le caveau des miens plongeant mes pas nocturnes,
J'ai compté mes aïeux, suivant leur vieille loi.
J'ouvris leurs parchemins, je fouillai dans leurs urnes
Empreintes, sur le flanc, des sceaux de chaque
Roi. -
A peine une étincelle a relui dans leur cendre.
C'est en vain que d'eux tous le sang m'a fait descendre;
Si j'écris leur histoire, ils descendront de moi.



III



Ils furent opulents,
Seigneurs de vastes terres,
Grands chasseurs devant
Dieu, comme
Nemrod, jaloux
Des beaux cerfs qu'ils lançaient des bois héréditaires
Jusqu'où voulait la
Mort les livrer à leurs coups;
Suivant leur forte meute à travers deux provinces,
Coupant les chiens du
Roi, déroutant ceux des
Princes,
Forçant les sangliers et détruisant les loups;



IV

Galants guerriers sur terre et sur mer, se montrèrent
Gens d'honneur en tous temps comme en tous lieux,

[cherchant
De la
Chine au
Pérou les
Anglais, qu'ils brûlèrent
Sur l'eau qu'ils écumaient du levant au couchant;
Puis, sur leur talon rouge, en quittant les batailles,
Parfumés et blessés revenaient à
Versailles
Jaser à l'Oil-de-bouf avant de voir leur champ.



V



Mais les champs de la
Beauce avaient leurs cours, leurs

[âmes,
Leurs soins.
Ils les peuplaient d'innombrables garçons,
De filles qu'ils donnaient aux
Chevaliers pour femmes,
Dignes de suivre en tout l'exemple et les leçons. -
Simples et satisfaits si chacun de leur race
Apposait saint
Louis en croix sur sa cuirasse,
Comme leurs vieux portraits qu'aux murs noirs nous

[plaçons.



VI



Mais aucun, au sortir d'une rude campagne,
Ne sut se recueillir, quitter le
Destrier,
Dételer pour un jour ses palefrois d'Espagne,
Ni des
Coursiers de chasse enlever rétrier
Pour graver quelque page et dire en quelque livre
Comme son temps vivait et comment il sut vivre, -
Dès qu'ils n'agissaient plus, se hâtant d'oublier.



VII



Tous sont morts en laissant leur nom sans auréole;
Mais sur le disque d'or voilà qu'il est écrit,
Disant : «
Ici passaient deux races de la
Gaule «
Dont le dernier vivant monte au temple et s'inscrit,



«
Non sur l'obscur amas des vieux noms inutiles, «
Des
Orgueilleux méchants et des
Riches futiles, «
Mais sur le pur tableau des livres de l'Esprit. »



VIII




Ton règne est arrivé, pur
Esprit,
Roi du
Monde !
Quand ton aile d'Azur dans la nuit nous surprit,
Déesse de nos mours, la guerre vagabonde
Régnait sur nos aïeux. -
Aujourd'hui, c'est
I'Ecrit,
L'Ecrit universel, parfois impérissable,
Que tu graves au marbre ou traînes sur le sable,
Colombe au bec d'airain! visible
Saint-Esprit!



IX



Seul et dernier anneau de deux chaînes brisées,
Je reste. -
Et je soutiens encor dans les hauteurs,
Parmi les
Maîtres purs de nos savants
Musées,
L'Idéal du
Poète et des graves
Penseurs.
J'éprouve sa durée en vingt ans de silence,
Et toujours, d'âge en âge encor, je vois la
France
Contempler mes tableaux et leur jeter des fleurs.



X



Jeune
Postérité d'un vivant qui vous aime!
Mes traits dans vos regards ne sont pas effacés;
Je peux, en ce miroir, me connaître moi-même;
Juges toujours nouveaux de nos travaux passés!
Flots d'amis renaissants ! -
Puissent mes
Destinées
Vous amener à moi, de dix en dix années
Attentifs à mon ouvre, et pour moi c'est assez!



Contact - Membres - Conditions d'utilisation

© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.

François de Vigny
(1570 - ?)
 
  François de Vigny - Portrait  
 
Portrait de François de Vigny

Biografie / cronologie

Conformément aux préoccupations constamment manifestées par l'écrivain, nous avons étendu cette chronologie dans la direction du passé, à la recherche de la noblesse des ancêtres, et dans celle de l'avenir, à l'écoute des échos de l'ouvre renvoyés par la postérité.

Bibliographie


mobile-img