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UN HÉRITAGE ANTHUME ET PARFOIS CONTESTÉ






Dès 1930, Louis Aragon constatait, dans la revue belge Variétés, que l'activité de la pensée surréaliste entrait dans une voie de stagnation. « Le mouvement est fini », disait Georges Ribemont-Dessaignes dans La Nouvelle Revue française en 1932. La même année, une jeune revue, Jeunesse, animée par Jean Germain et Jean Rousselot, aboutissait à la même conclusion après la publication simultanée de La Vie immédiate, d'Eluard, de Où boivent les loups, de Tzara, et de Le Revolver à cheveux blancs, de Breton. Mais si les livres de ces « trois grands esprits du Surréalisme » lui semblaient être la « liquidation » de celui-ci, l'éditorialiste de Jeunesse - Louis Parrot (1906-1948) - n'en considérait pas moins que le but du Surréalisme restait « le seul acceptable ». Pour ces jeunes gens et pour tous ceux de leur génération qui avaient le sentiment d'aborder une époque confuse, « Péret-le-destructeur, Eluard-le-feu, Breton et ses rares amis », même s'ils s'immobilisaient, continuaient d'illuminer la route. Aussi bien, ces illuminateurs, auxquels l'équipe de Jeunesse adjoignait, d'une part, Antonin Artaud pour son Théâtre de la cruauté, d'autre part, René Daumal (1908-1944), Roger Gilbert-Lecomte (1907-1943) et leurs amis du « Grand Jeu » (1928-1931), dont a les enquêtes sur la métaphysique expérimentale » leur paraissaient au moins aussi intéressantes que les simulations de la démence tentées par Breton et Eluard (L'Immaculée conceptioN), allaient-ils continuer, jusqu'en 1940 et au-delà, d'exercer un grand prestige sur beaucoup de poètes.





L'activité surréaliste proprement dite se ranimait, du reste. Si Le Surréalisme au service de la Révolution cessait de paraître en 1933, une autre revue, Le Minotaure, prenait son relais pour le garder jusqu'en 1938. Des poètes d'obédience surréaliste aussi ancienne et certaine que Maxime Alexandre (1901) et Maurice Blanchard (1890-1960) donnaient le meilleur d'eux-mêmes tandis que leurs chefs de file ajoutaient à leur oeuvre des livres majeurs, tels, en 1936, Je ne mange pas de ce pain-là (PéreT), en 1937, L'Amour fou (BretoN), L'Evidence poétique (EluarD) et, en 1938, Cours naturel (EluarD), Dehors la nuit est gouvernée (ChaR). On voyait même apparaître de nouveaux surréalistes orthodoxes, entre autres la très jeune Gisèle Prassinos, qui publiait La Sauterelle arthritique en 1935, et toute une floraison de petits-maîtres surréalistes.



Avec Jeunesse (1932-1935), le groupe et la revue Sagesse (1930-1935) animés par Fernand Marc (1900-1979), la revue Le Dernier Carré (1935-1936), animée par Fernand Marc et Jean Rousselot, la revue Soutes (1936-1939), animée par Luc Decaunes (1913), la revue Messages (1938-1939), animée par André Silvaire puis par Jean Lescure (1912), et la revue Mythra, fondée à Alger par Charles Autrand, qui, reprise par Max-Pol Fouchet (1913-1980), deviendra Fontaine en 1939, portent le plus ample témoignage des efforts que les héritiers du Surréalisme font pour en assumer partiellement ou totalement les impératifs tout en cherchant leur propre vo""e au cours d'une décennie à laquelle la montée du fascisme, la victoire et l'échec du Front populaire, la guerre civile espagnole et le début de la seconde guerre mondiale ôtent peu à peu toute faculté de distanciation esthétique. La difficulté croissante de concilier ces impératifs - « changer la vie » (RimbauD), « changer le monde » (MarX) - sur lesquels les Surréalistes eux-mêmes se sont divisés - provoque l'éclatement du Dernier Carré et explique l'intestine disparité de Soutes, si résolue que se veuille cette revue à mener de front action poétique et action révolutionnaire (1).



Cette décennie 1930-1940 voit par ailleurs grandir des poètes, déjà connus, qui ne devaient rien ou fort peu au Surréalisme, tels Ivan Goll (1891-1950), qui donne un ton à la fois magique et populaire à La Chanson de Jean sans terre ; Robert Ganzo (1898), explorateur mélodieux de toutes les préhistoires ; Norge (1898) qui, en vers classiques, chante gens et choses avec une fantaisie inventive et bourrue ; Gabriel Audisio (1900-1975), Ulysse moderne teinté d'Unanimisme ; Louis Brauquier (1900-1976), dont Le Pilote est digne de Coleridge.



Dans le même temps, surgissent de nouveaux poètes qui tournent plus ou moins délibérément le dos au Surréalisme. Jacques Audiberti (1899-1965) impose en 1930, avec L'Empire et la Trappe, son hugolisme forcené coulé dans une impeccable prosodie. La même année, Maurice Fombeure (1906- 1980) déclare : « La poésie est devenue trop difficile... avec les Surréalistes, c'est devenu une névralgie aiguë et continuelle » et, puisant au « vieux fonds toujours jeune des complaintes et des chansons populaires », commence une ouvre - Silences sur le toit (1930), Les Moulins de la parole (1936) - tendre, terrienne et fantaisiste. En 1931, Edmond Humeau (1907) esquisse dans Maintenant le lyrisme baroque et paysan qui portera sa marque. En 1932, évangé-lique et révolté, Adrian Miatlev (1910-1965) conclut avec le monde des idées et des lois une Paix séparée. En 1933, Pierre Morhange (1901-1970) chante le réel le plus immédiat dans La vie est unique et Jean Follain (1903-1973) donne, dans La Main chaude, la mesure de son talent d'imagier métaphysique, à la fois simple et profond. La même année, Raymond Datheil (1905) fait entendre, dira Jean Cassou, « les raisons des racines et les élans des sèves » dans ses Signatures naturelles et la critique hostile au Surréalisme salue comme un événement la fluide, l'envoûtante Quête de joie de Patrice de La Tour du Pin (1911-1975), jeune poète fortement empreint de spiritualité catholique. En 1935, Jean Cayrol (1911) exalte les odeurs et les couleurs du réel dans Ce n'est pas la mer. En 1936, Louis Guillaume (1907-1973) chante l'Occident sur le mode whitmanien. En 1937, Michel Manoll (1911) apparaît, dans La Première Chance, comme un élégiaque reverdyen et René Guy Cadou (1920-1951) lance ses Brancardiers de Vaube vers « les choses usuelles », le « règne végétal ». En 1938, Lucien Becker (1912) charge son Passager de la terre d'un pathétique fardeau existentiel et Guillevic (1907) annonce, avec son Requiem, le poète réaliste, concis et chaleureux, qu'il deviendra. En 1939, Pierre Seghers (1906) affirme, dans Bonne Espérance, sa fraternelle attention au monde des hommes. Enfin, en 1940, Pierre Emmanuel (1916) entre en lice avec des Elégies influencées de Jouve et fortement marquées de symbolisme chrétien.



On verra tous les poètes cités dans ce chapitre, et de même les ouvres que leurs aines déterminants ont produites après la phase initiale de leur apport, étudiés dans les travaux de G.-E. Clancier (De Rimbaud au SurréalismE), dans les nôtres (Présences contemporaines, Nouveaux Poètes français, Dictionnaire de la poésie contemporainE) et enfin dans Les Poètes français d'aujourd'hui, de Pierre de Boisdeffre. Ce dernier ouvrage, en effet, s'il fait partir son « enquête » de 1940 pour aboutir aux années 1970, ne manque pas d'analyser la totalité d'un héritage, en réalité fort hétérogène.



Serge Brindeau, consacrant en 1973 on essai à La poésie de langue française depuis 1945, a choisi cette date pour marquer la fin du « temps du mépris » plutôt qu'une « quelconque discontinuité ». Cette discontinuité, Alain Bosquet la voit s'affirmer, dans son Anthologie de la poésie française (1979), à partir de 1950 « en corollaire de l'existentialisme et de concert avec l'avènement du nouveau roman ». Il y voit même « une étape capitale ». Il est vrai que, dès lors, bien des poètes s'engagent dans une radicale remise en cause de la poésie. D'aucuns n'iront-ils pas jusqu'à la pulvériser, voire à l'évacuer ? Mais - cela est surtout sensible depuis 1975 - cette poésie « de laboratoire » s'est quelque peu fatiguée, alors qu'on voyait se ranimer la flamme surréaliste dans la . poésie électrique » (Michel BulteaU) aussi bien que la chaleur terrienne (Pierre Torreilles, François Montmaneix, J.-P. ColombI), le réalisme citadin (Marc PietrI) aussi bien que le spiritualisme (Claude Estéban, Jean MambrinO) et se développer des rapports poésie-philosophie (Emmanuel Hocquart, Charles JulieT) aussi serrés que les rapports poésie-linguistique des années antérieures (Jacques Roubaud, Lionel RaY). Hétérogénéité, pas morte...






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