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René Char






On peut se représenter l'ouvre de René Char comme constituée par une série d'élans verbaux, tous nettement distincts les uns des autres, mais animés par la même poussée libératrice. Chaque vers, chaque groupe de mots ou d'images, chaque portion définie de l'ensemble, se déploie sur-le-champ avec une telle énergie, qu'il semble en possession immédiate de toute sa force expansive dès l'instant de son expression. Le thème dominant est toujours le même. Il est celui d'une affirmation très simple, abrupte, violente même parfois, de ce qui est. Comme Antée, le poète s'installe au cour du moment, il se confronte avec lui, il le contraint de lui livrer une part essentielle de sa substance - et cela, directement, sans délai, sans détour, sans intermédiaire aucun, comme une réalité très pure, très dure, volontiers menaçante et agressive. Cette réalité fait front au poète et l'inspire. Elle se transfère à lui au cours d'une action si déterminante qu'en deçà comme au-delà il ne reste plus de signifiant. Seul demeure ce qui est. Seul le poète a-t-il une intuition toujours rigoureusement actuelle de cette existence. Le monde et le moi, tantôt de concert et tantôt en conflit, comme deux lutteurs qui s'affrontent, en s'étreignant reprennent vie. Je puise ma vigueur, non passivement, docilement, en adhérant à quelque forme déjà révolue, mais au contraire par une affirmation de moi qui se heurte ou se mesure à l'affirmation des choses. En quelque lieu ou en quelque moment du temps que je me place, je me trouve donc associé par mon acte propre à mon intime adversaire, et cela si librement, si familièrement qu'il ne m'est nullement nécessaire, pour justifier notre engagement, d'imaginer une opération divine de quelque nature qu'elle soit, comme la cause unique de ce phénomène. Celui-ci, je l'accepte tel qu'il est, sans lui chercher d'origine surnaturelle. Il est simplement pour moi qui en suis à la fois le témoin, l'adversaire et l'un des auteurs, un acte se renouvelant de lui-même, partout et toujours.





Bref, pour décrire le duel passionné qu'il poursuit avec le monde externe, René Char n'a nul besoin de supposer l'intervention de quelque cause divine. En d'autres termes, le fait d'exister, avec tous les désordres qu'il implique, lui paraît beaucoup plus naturel dans la confusion chaotique qu'il présente, que relié à l'hypothèse d'une causalité divine, s'appliquant de haut à entretenir le monde et le moi dans une constante agitation. De quelque façon que ces deux entités se comportent dans leurs relations réciproques, soit en tant qu'associés (ou compliceS), soit en tant que radicalement hostiles, le poète ne les considère jamais que comme des forces en action, recommençant sans cesse une dispute familière. Nul besoin, pour en trouver la raison, de se reporter à quelque mythe. Le monde et le moi nous informent en toute simplicité de leurs amitiés et de leurs conflits. Il n'y a là rien que de normal.



Il est vrai, toutefois, qu'à de certains moments, pour celui qui s'en trouve le sujet principal, cette situation ne peut manquer de paraître angoissante. S'il y a un recommencement perpétuel de ce qui est, rien ne garantit que ce renouvellement se produise selon des règles fixées à l'avance. Toute activité, au contraire, ne peut apparaître aux yeux de Char que contingente, imprévisible, donc aléatoire, donc précaire, donc tragique. De fait, René Char ne prend jamais conscience de ses rapports avec la réalité externe que sous la forme d'une relation irrationnelle, qu'on ne saurait définir. Cela a Heu sans prévision, à brûle-pourpoint, avec une certaine rudesse. Cela se fait surtout avec une absence totale de calcul : événement d'autant moins attendu qu'il n'est jamais la conséquence obligée de situations antécédentes ni de causes déterminantes. Il est ce qu'il est dans le moment où il est, c'est tout ce qu'on peut en penser ou en dire. Telle était déjà l'attitude des présocratiques. Il en résulte que pour Char tout événement actuel mérite réellement d'être appelé nouveau, car, étant inédit, il n'est jamais, à proprement parler, clairement soudé à quelque principe ou à quelque fin extérieure. Il ne dépend que de son actualité même. Et si d'aventure il joue un rôle considérable, c'est parce que, ne dépendant pas d'un rôle préalable, il se trouve, tant qu'il dure, soustrait à toute détermination. L'actualité charienne n'est donc si saisissante que parce qu'elle se révèle exempte de tout lien causal avec le passé, avec l'avenir, avec le temps lui-même, c'est-à-dire avec les autres points de la durée. Affranchie du temps, elle est donc libre. Elle a toujours sa chance. Rien ne lui prescrit d'être autre que ce qu'elle est. Si elle entre en conflit avec ce qui l'entoure, c'est qu'en cédant à la pression de cet entourage elle y perdrait l'avantage sans prix de faire son propre choix. Son choix, c'est sa chance, et elle combat toujours pour en profiter.



Son choix n'est donc pas comparable à la fameuse disponibilité gidienne qui est la maintenance de l'être dans une suspension indéfinie de tout acte. Chez Char, c'est l'état de l'être aux aguets, veillant à son bien, guettant sa chance, conscient de sa liberté d'action.

Mais cette chance, il faut qu'il la prenne. Puisqu'il lui est interdit de se reposer dans un état ou dans l'acquiescement à quelque destin, il faut que, d'elle-même, la pensée se bande pour se réactiver en chaque nouveau moment. Tout se passe comme s'il était dans son pouvoir et dans sa volonté de recommencer de moment en moment le tour singulier par lequel l'être se remet d'aplomb, intact, actif, en chaque moment particulier, quel qu'il soit.



Cela exige de sa part un effort créateur considérable, qui n'est pas toujours nécessairement exercé avec la même efficace, mais qui ne doit, non plus, jamais se relâcher. Sans répit, sans souffler, par une tension crispée, il faut que le poète s'oblige, à tout bout de champ, à entamer dans toute sa fraîcheur une nouvelle existence. Le temps qui est celui de cette existence, n'a donc rien à voir avec le temps des horloges. De ce temps régulier le poète ne peut s'accommoder. Il se trouve incité à le remplacer par une suite de « temps » indépendants les uns des autres et qui se voient interdire la faculté de se prolonger les uns dans les autres selon une ligne ininterrompue. La durée charienne est donc essentiellement discontinue. Elle ne peut procéder que par une série de ressorts successifs, entre lesquels il peut y avoir des trous et du vide. Impossible, par conséquent, pour les lecteurs que nous sommes, de concevoir René Char sous la forme pourtant familière d'un être reliant son passé à son présent par un trait continu. Très difficile aussi, d'autre part, de le concevoir rattachant aussitôt son présent à un futur hypothétique par le seul élan de sa propre pensée. En somme, il n'y a guère de place dans la pensée et dans l'ouvre de Char pour une durée prise dans le sens habituel de ce terme. H n'y a, chez lui, quasi pas de destin. Il n'y a que des moments, tous d'ailleurs plus ou moins fatals. Isolés, comme ils sont, les uns des autres, ceux-ci jouissent d'une actualité très différente, chez René Char, de celle qu'on trouve chez la plupart des autres poètes de son époque, enclins généralement à fondre leurs expériences les plus intimes dans une continuité de type bergsonien. Rien qui ressemble moins au temps explosif de René Char, qu'un simple glissement de la pensée passant trop facilement d'une image à une autre.



Comme chez Rimbaud, c'est donc sur chaque vers, chaque mot, chaque moment, que repose, le temps d'un éclair, tout le poids de la réalité charienne. Si elle n'éclate pas dans le moment qu'elle exprime, elle n'est pas, elle n'est rien. Du rierf au tout le passage qu'elle réalise est le plus prompt possible, mais aussi le plus exigu. Or, s'il en est ainsi, on peut se demander si c'est là une situation enviable, voire même normale. En tout cas, il faut le constater, c'est une façon de vivre, tragiquement menacée, en chacun de ses moments glorieux, de tourner mal. A chaque instant, pour qui l'expérimente (et ceci est vrai pour Char comme pour RimbauD), l'ordre temporel se trouve en danger de s'écrouler. La poésie charienne, si ntensément vivante qu'elle soit dans l'explosion de conscience qui la constitue, ne peut jamais bénéficier, tout au long de son chemin, de la prodigieuse lancée qu'elle réalise pourtant dans chaque moment particulier. A chaque moment tout se fait, tout aussi est à refaire : poésie condamnée à se recréer à l'instant où elle achève d'être : comparable sur ce point à l'activité divine elle-même, telle que l'entendaient les théologiens de jadis et à laquelle ils avaient donné le nom de création continuée, celle-ci étant décrite par eux comme inlassablement occupée à préserver du néant où il risquait à chaque instant de retomber, le monde tiré chaque fois du rien originel. De même, on pourrait dire que René Char recommence sans cesse de reproduire par des actes créateurs nouveaux un monde qu'il n'engendre initialement que pour le réengendrer ensuite par une série d'actes réitérés - actes toujours aussi admirables que le premier, mais qui, ne tirant pas de ce dernier leur raison d'être, ne sauraient jamais être interrompus. De la sorte on peut voir s'établir dans le poème charien, si bref ou si long qu'il puisse être, un étrange régime, animé par une énergie pulsatoire, et composé d'une profusion d'éclats séparés, mais associés librement les uns aux autres sans se confondre. L'on entrevoit alors dans cette poésie un incomparable dynamisme, où l'on dirait que c'est par à-coups répétés que l'élan créateur réussit à vaincre le vide qui le menace.



Mais dire qu'il y a là une victoire perpétuellement remportée par le poète sur la défaite qui le guette, n'exprime encore qu'un des côtés, le côté proprement positif de cette situation. La véritable grandeur de Char ne consiste peut-être pas seulement dans une affirmation cent fois répétée, mais dans le fait que celle-ci ne peut jamais s'établir, ou se réétablir, qu'à partir d'une négativité qui à la fois la dénie et lui donne l'occasion de réintégrer sa place. Comme il y a, chez Char, une continuelle volonté de rétablissement qui sauve la positivité de l'existence, il y a aussi, voulue par lui, ou imposée à lui par la situation elle-même, une poésie exactement parallèle, mais inverse, qui est celle d'une réalité négative, se donnant charge de rétablir chaque fois son pouvoir après épuisement de l'élan positif. Quand on prend conscience de cette disparition perpétuelle de l'être dans la poésie charienne, on croit distinguer l'existence d'un courant souterrain sous-jacent, de type contraire à l'élan positif, et qui serait l'expression d'un pouvoir proprement négateur : sorte de vide qui par intermittence et en perçant les voiles qui le dissimulent, émergerait à la surface. On entrevoit alors la présence d'une vacuité envahissante faisant irruption de toutes parts entre les formes positives de l'être : d'où le sentiment que ces dernières cèdent, au moins pour un temps, devant l'assaut du vide, et que s'affirme en leur place la présence d'un trou vivant, c'est-à-dire de l'indéterminé.



RENÉ CHAR : TEXTES



Projection d'impressions saisissantes sur un écran de ruines flottantes.



Proie insensible projetée indistinctement en deçà du désir et au-delà de la mort.



Je suis l'exclu et le comblé.



Exaltante alliance des contraires, impact sans origine définie dont l'action dissolvante et solitaire provoque le glissement des abîmes...



Le poème, assemblée en mouvement de valeurs originales déterminantes...



... nous trouvant engagés et définis, à même d'obtenir notre forme originale et nos propriétés probatoires.



La vitalité du poète est un point diamanté actuel de présences transcendantes et d'orages pèlerins.



Etre du bond. N'être pas du festin.

Dans ton corps conscient la réalité est en avance de quelques minutes d'imagination.



Nombreux sont ceux qui attendent que l'écueil les soulève, que le but les franchisse, pour se définir.

Impose ta chance. Serre ton bonheur et va vers ton risque.

Va à l'essentiel.

Je ne suis pas séparé. Je suis parmi.



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