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NOUVEAUX HORIZONS LITTERAIRES - Chateaubriand et la renaissance du christianisme






C'est en «expiation» de l'Essai sur les révolutions et sous l'influence de la mort de sa mère que Chateaubriand entreprend en 1799 un ouvrage à la gloire du christianisme. Le Génie du Christianisme est contemporain de Du sentiment considéré dans ses rapports avec la littérature et les arts, de Pierre Simon Ballanche (1776-1847), le premier à avoir employé la formule qui deviendra le titre de l'ouvrage de Chateaubriand. Celui-ci attribue au christianisme «cette affection à la fois sombre et voluptueuse » désignée sous le nom de « mélancolie » (qu'illustrera l'épisode de René) et plus généralement le progrès dans les lettres et les arts. Alors que pour Mme de Staël le christianisme n'est qu'« une grande époque de l'histoire philosophique de la pensée », lui seul peut, aux yeux de Chateaubriand, expliquer le « problème de l'homme ». La qualité douteuse de son érudition, les recours hasardeux à la philosophie, la déduction de l'existence de Dieu à partir des beautés de la nature font du Génie... un ouvrage daté. À l'époque de sa publication, son retentissement fut considérable.



Tout en accusant les philosophes du xvnr1 siècle d'avoir méconnu Dieu et porté dans l'Europe entière ombrage à la France, Le Génie... propose un palmarès assez équitable de notre littérature. Aux yeux de Chateaubriand, Voltaire tragédien n'est inférieur à Racine que faute d'avoir été chrétien; s'il cède la première place comme historien à Bossuet, c'est parce que celui-ci a su reconnaître dans la destinée des hommes l'intervention de la Providence. Rousseau, qui doit à une « ombre de religion » certaines grâces du génie, est moins mis en cause pour ses intentions que pour les conséquences désastreuses de sa pensée. En ouvrant afin que la France surmonte les ruptures de son histoire et retrouve sa grandeur grâce à la religion où elle a puisé son génie, Chateaubriand favorise les desseins du Premier Consul. Fidèle à sa famille et à sori roi, on le trouve en même temps animé d'un sentiment national où se reconnaît l'enfant de la Révolution.



Cet amour de la patrie n'est pas étranger à l'admiration que lui inspire l'architecture gothique. Les monuments de la foi édifiés au Moyen Âge, reliant la terre au ciel, stylisent à leur façon les voûtes et les feuillages de forêts des Gaules et, grâce à l'orgue et au bronze suspendu, en font entendre les murmures. Parce qu'il est composé de « vides », le gothique en ruine se décore d'herbes et de fleurs plus aisément que les monuments de la Grèce ou de Rome. Aux temples de l'Antiquité Chateaubriand reconnaît toutefois, à l'occasion, une élégance supérieure. Quoiqu'il l'accompagne d'une invocation au Seigneur, sa méditation sur les ruines excède le projet apologétique du Génie : « L'homme n'est lui-même qu'un édifice tombé, qu'un débris du péché et de la mort; sc.i amour tiède, sa foi chancelante, sa charité bornée, ses sentiments incomplets, ses pensées insuffisantes, son cour brisé, tout chez lui n'est que ruines. » Objet d'admiration où se lisent les preuves de l'existence de Dieu, la nature nourrit le sentiment du vide de l'âme qui peut aussi bien faire vaciller notre foi que nous pousser impérieusement vers Dieu. Témoins des siècles passés où s'enracine notre destinée, les ruines donnent en même temps le sentiment du transitoire et rendent plus obsédante la présence de la mort.

La genèse de l'Itinéraire de Paris à Jérusalem (1811) montre que Chateaubriand eut l'idée d'aller à Rome et en Grèce avant d'effectuer un pèlerinage en Terre sainte. Après sa rupture avec Bonaparte, le projet d'un roman. Les Martyrs (voir infra, p. 19) alimente son rêve de l'Orient. Ayant visité «les monts sans renommée et les vallées inconnues du Nouveau Monde », puis en 1805 l'Auvergne et le mont Blanc, il souhaite découvrir grâce aux montagnes de Grèce et de Judée «d'autres couleurs et d'autres harmonies». L'Itinéraire... répond donc à un souci de trouver sous des cieux inconnus de nouvelles nuances pour un état d'âme éprouvé en Amérique du Nord et que Le Génie... a changé en vertige métaphysique. Mais les contemporains lurent aussi l'Itinéraire comme un reportage et une réflexion politique. De fait, l'ouvrage s'inscrit dans une tradition du voyage en « Orient », dont Jean Chardin (1643-1713), puis Volney ( 1757-1820), auteur des Ruines ou Méditations sur les révolutions des empires (1791), purent passer pour les précurseurs. Terre des Lieux saints, l'Orient sera plus généralement pour les écrivains romantiques la terre du Sacré, ce berceau de l'humanité où ils voudront trouver le mystère de notre existence. Mais en dénonçant l'oppression des Grecs par l'Empire ottoman, Chateaubriand comptera aussi parmi les inspirateurs de ce philhellénisme dont Byron. mourant en 1824 à Missolonghi, sera le plus illustre représentant. Sur les vraies raisons qui avaient poussé Chateaubriand à imaginer, puis à écrire l'Itinéraire, Sainte-Beuve se montre perplexe. Passant en revue les explications données par l'auteur, il finit par retenir de préférence celle-ci : «J'allais chercher des images, voilà tout. »



Le cosmopolitisme de Mme de Staël



En 1799 a paru Le Lycée ou Cours de littérature ancienne et moderne, de La Harpe (1739-1803), qui avait le mérite de mettre en relief l'évolution historique de la littérature, depuis les Grecs jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, mais la jugeait uniformément en vertu d'un goût classique, ou plutôt néo-classique, c'est-à-dire selon les idées de Voltaire et des philosophes des Lumières. « Personne n'ose combattre La Harpe», écrit Stendhal en 1818, époque où lui-même cherche à « délaharpiser » son goût. Mais - exemple frappant de décalage entre la littérature qui s'écrit et celle qu'on enseigne - La Harpe formera des générations tout au long du xixc siècle.

Dans un Essai sur les fictions (1795), M"* de Staël avait réfléchi au pouvoir de l'imagination dans les fictions merveilleuses (romans mythologiques ou de chevalerie, fables, allégorieS), dans les fictions historiques (poèmes épiques, tragédieS) et dans les fictions qui s'appuient seulement sur la vraisemblance (romanS). Dans une perspective plus ambitieuse. De la littérature (1800) propose, comme le Cours... de La Harpe, un tableau de la littérature des anciens et des modernes, orienté par la conviction - répandue chez les penseurs du xvnr siècle - que l'esprit humain est perfectible. Mme de Staël étend le terme de « littérature » à toutes les activités d'écriture qui ne sont pas scientifiques (morale, religion, politique...). L'une des principales originalités de son ouvrage réside dans l'attention qu'elle porte aux conditions du développement de la littérature. « Ce n'est que dans les Etats libres que l'on peut réunir le génie de l'action à celui de la pensée», affirme-t-elle d'une phrase propre à lui valoir déjà la méfiance du Premier Consul. Elle le bravera plus ouvertement dans la préface de Delphine en méprisant d'avance l'accueil «officiel» que pourra recevoir son livre et en s'adressant à la « France silencieuse et éclairée ». De la littérature montre en outre comment le rôle accru des femmes et l'épanouissement de la religion modifient l'inspiration et la forme des ouvres. Enfin, chaque littérature est l'expression d'un génie national. Ainsi sont distinguées les littératures du Midi, dont Homère est la première source, et celles du Nord, dont Ossian (barde écossais du IIIe siècle ap. J.-C.) fournit l'origine. À l'intérieur de ces deux grandes divisions, M'"" de Staël analyse le génie propre des littératures anglaise, allemande, italienne, française. De la littérature hérite d'idées du Siècle des lumières, comme la théorie des climats de Montesquieu, mais elle doit sa nouveauté à la curiosité de Mme de Staël pour les littératures étrangères, à une relativisation de la notion de goût, ainsi qu'à sa réflexion sur la place de l'écrivain dans la cité. Le cosmopolitisme de M"" de Staël n'est pas de ceux qui tournent en éloge patriotique l'intérêt porté à ce qui se passe hors de ses frontières : il met à profit la lecture et l'expérience pour juger d'un regard neuf les idées et les hommes.



Ce cosmopolitisme s'affirme mieux encore dans De l'Allemagne (1813). Après avoir fréquenté sous l'Ancien Régime des écrivains allemands comme Grimm, puis rencontré en 1794 Benjamin Constant qui revenait de la cour de Brunswick, Mme de Staël apprend elle-même l'allemand à partir de 1799. De l'Allemagne ne présente pas la littérature allemande comme un modèle : on égare son génie en imitant celui des autres. Mais en faisant mieux connaître à ses compatriotes des esprits méconnus. Mme de Staël voudrait les inciter à suivre leur naturel comme osent le faire leurs voisins d'outre-Rhin. Le mépris des Français pour les écrivains allemands vient d'un préjugé qui asservit l'inspiration à la mode, la fameuse «clarté» française ayant pour principale vertu de permettre aux lecteurs de briller en société aussitôt qu'ils ont refermé un livre. Alliant l'imagination au recueillement contemplatif, la poésie allemande atteint le mieux à l'expression lyrique. Les tragédies de Goethe et de Schiller ne sauraient être imitées, mais « des combinaisons étrangères peuvent exciter des idées nouvelles ». Quant à la philosophie allemande - celle de Kant en particulier -, nous avons vu que Mme de Staël l'opposait à la philosophie matérialiste française qui a conduit à la Terreur et à la tyrannie impériale. Comme dans De la littérature. Mme de Staël distingue les activités proprement scientifiques et les activités littéraires au sens large du terme, mais le poète Novalis et le physicien Schubert montrent chacun à sa manière la nécessité de l'homme d'être «un avec la nature » : les phénomènes de la nature « ont un sens philosophique et un but religieux, dont la contemplation la plus illustre ne pourra jamais connaître toute l'étendue ». Elle étudie pour finir comment l'enthousiasme, « qualité vraiment distinctive de la langue allemande », exerce une influence sur les Lumières en encourageant à la recherche des vérités abstraites; ceux qui en sont animés contribuent, souvent modestement et anonymement, à la grandeur de l'homme. « Votre dernier ouvrage n'est point français », fera savoir Napoléon à MT de Staël par son ministre de la Pglice, en 1810, quand elle eut achevé De l'Allemagne. Menacé de destruction, le livre paraît à Londres en 1813 avant d'être publié à Paris après la chute de l'Empire, en 1814. Mais dès 1813 avait paru en France un ouvrage de l'historien et économiste suisse Simonde de Sismondi (1773-1842), De la Littérature du midi de l'Europe. Sismondi, qui livre ailleurs, sur les rapports de l'autorité et de la liberté, une réflexion proche de celle de Mme de Staël, témoigne ici de cette curiosité pour les spécificités des diverses littératures européennes qui enrichira, après 1815, le romantisme français.



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