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MAXIME N'DEBEKA - 980 000 nous sommes






«980 000 nous sommes 980 000 affames brisés abrutis

Nous venons des usines

Nous venons des forêts des campagnes des rues

Avec des feux dans la gorge des crampes dans l'estomac des trous bcants dans les yeux des varices le long du corps

Et des bras durs

Et des mains calleuses

Et des pieds comme du roc

980 000 Nous sommes

980 000 Ouvriers chômeurs et quelques étudiants

Qui n'ont plus droit qu'à une fraction de vie

Nous venons à 980 000 Nous entrons sans frapper Et apparaissent 20 000 20 000 prophètes 20 000 qui font des miracles Mercedes dans leurs pieds La soif désaltère La faim nourrit bien



Des greniers bourres Pendent au bas du ventre Jolis, jolis bien jolis miracles

Mais nous ferons nous-mêmes nos miracles Nous ferons nous-mêmes Pour nous-mêmes nos miracles.»



(L'Oseille, les citrons, Paris, L'Harmattan, 1975, p. 26-28)



Maxime N'Debeka est ne en 1944 à Brazzaville (République du CongO) et a une formation scientifique (électronicieN). Homme politique dans son pays où il a occupé diverses fonctions importantes (directeur des Affaires culturelles en 1968), il a été accusé d'avoir été impliqué dans un complot, condamné à mort en 1972 et, après de longs mois en prison, assigné à résidence. Il s'exile ensuite en France (dans les années 70). L'année 1996 le trouve ministre de la culture du Congo;il est accueilli à Blois depuis 1999. il est membre du Parlement international des écrivains.



Ouvre:



Ses premiers recueils de poésie sont composés en prison:

- Soleils neufs (1969)

- Les signes du Silence

- L'oseille, les citrons ( 1975)



Poésie:



- La danse de N 'Kumba ensorcelée (1988)

- Paroles insonores. Suivi de Les Signes du Silence (1997)

- Vécus au miroir (1997)

- D'encre et d'exil (2002)



Roman:



- Sel-Piment à la Braise (2003)



Théâtre:



- Le Président (1970)

- Les lendemains qui chantent (1983)

- Équatorium ( 1987)

- Le Diable à la longue queue (2002)



Selon les propres paroles de N'Débéka «Mes poèmes expriment un engagement total et une correspondance entre les événements intérieurs et le pouvoir intérieur du poète»(dans Roger GodarD). Le volume L 'oseille les citrons (dont est tiré le poèmE) s'applique à démontrer l'insuffisance du langage poétique, ce «maquis des mots», ce «langage au figuré du silence», qui «tombe dans des embuscades utiles», et s'efforce de trouver le sens du non-dit. Le rire, force libératrice, le jeu des pronoms, la révolte, le monde négatif, la ville comme lieu de corruption et symbole du mensonge, des «faux soleils», la nausée, l'absurde, Dieu ayant abandonné l'homme qui est devenu cannibale, sont autant de thèmes qu'on peut retrouver dans le recueil. En jouant sur les mots («l'Humain cannibale» et le «Cannibale humain») il constate que «Le monstre de l'homme/n'en finit pas de pourchasser l'homme», ce qui renforce son amertume des Soleils neufs quand il songe «Aux poèmes maigres et aigres/Ceux du Nègre». Mais tout n'est pas noyé dans la nausée ou l'absurdité, il y a des moments d'espoir, comme dans le poème «980.000 nous sommes».

La poésie de N'Débéka «exprime la révolte, et le poète ne manque pas d'agressivité, mais cette agressivité est réinvestie dans la poésie au moyen de l'humour, de l'ironie, au moyen du verbe, de mots aiguisés, incisifs où l'image crée un effet de surprise, choque parfois: l'homme est un cannibale, les jacinthes d'eau sont des cadavres, l'équateur a «une gueule de poisson fumé»..., mais derrière cette imagerie se cache l'amertume du poète...» (R. GodarD)



Commentaire suivi



Le chiffre 980.000 représente la majeure partie du million des Congolais (selon N'Débéka et au moment où il écriT). Il y a une affirmation qui suggère, sans le dire, la force que peut offrir le nombre. Ils partagent les mêmes qualificatifs qui en font une masse homogène: affamés (n'ayant jamais assez pour se nourrir et nourrir leurs familleS), brisés (réduits à des esclaves, la dignité piétinéC), abrutis (de travail et semblant amoindris intellectuellemenT).



L'auteur se considère des leurs (nouS). Mais qui sont ces 980.000 ? Des ouvriers (des usineS), des paysans (campagnes, forêtS), des chômeurs (rueS). Tout ce qu'ils possèdent ce sont la soif (des feux dans la gorgE), la faim (des crampes dans l'estomaC), le regard d'un zombi (des trous béants dans les yeuX) d'où toute intelligence s'est retirée, les stigmates du travail abrutissant (des varices le long du corpS). Mais ils ont aussi une résilienec sans égal, habitués comme ils sont à ce travail (des mains calleuseS), ils sont fermes (des pieds comme du roC) et vaillants (des bras durS). Il y a enchaînement force-nombre dans ce retour du chiffre (980.000 nous sommes - avec accent sur le nombre placé en têtE) et précision dans ce qu'on a déjà compris: ouvriers, chômeurs et quelques étudiants (ouvriers au sens général, incluant les paysanS); c'est-à-dire ceux qui, n'ayant plus droit qu'à une fraction de vie, ont acquis une conscience de classe et sont susceptibles de donner libre cours à leur colère, à leur révolte.



Leur agressivité (nous entrons sans frappeR) est justifiée par leur existence même, par le travail fourni et soutenu par l'union (nous venons à 980.000), ne formant qu'un bloc compact. Qui vient leur tenir tête ? Le reste de la population, les 20.000, insignifiants (par leur nombrE) mais combien habiles, astucieux, démagogues (prophètes, faiseurs de miracleS) ! Ils sont riches (Mercedes dans leurs piedS), et ils savent profiter de la soif des autres (qui les désaltèrE) et de leur faim (la faim nourrit bieN). Les jeux de mots sont soutenus par le sarcasme de la métaphore lorsque leurs ventres sont appelés des greniers bourrés. Les jolis bien jolis miracles qu'ils ont accomplis, c'est ça. Tourner à leur bien le mal des autres.



Seule solution, s'éveiller à la réalité et agir. Les 980.000 peuvent faire leurs miracles et les faire pour eux-mêmes. La révolte devient une nécessité et s'accompagne de l'espoir qu'apporte la prise de conscience.



A consulter



1. Awumey, Edem K., «Le roman de Bellcvillc: l'écrivain africain entre exil et métissage», dans Lianes, no. 1.

2. Chcmain, Ariette et Roger, Panorama critique de la littérature congolaise, Paris, Présence Africaine, 1979.

3. Godard, Roger, Trois poètes congolais, Paris,

L'Harmattan, 1985.

4. Kestcloot, Lilyan, Anthologie négro-africaine,

Verviers, Marabout-Université, 1967 (rééd. 1981).

5. Tati-Loutard, Jean-Baptiste, Anthologie de la littérature congolaise d'expression française, Yaoundé, CLE, 1976.





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