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MARGUERITE DE NAVARRE






Venant du fond des âges, traversant avec Jean de Meung ou François Villon le Moyen Age, il est possible durant la Renaissance, comme plus tard, dans les siècles plus récents, et hier encore avec Verlaine, de faire entendre une voix très différente de celle qui s'exprime sur une très vaste échelle dans la poésie de la Pléiade et chez certains de ses imitateurs. Très différente, parce que beaucoup plus modeste, plus personnelle et plus intime, voix souvent troublée, qui s'efforce d'extérioriser, non plus un savoir, mais un manque de savoir. C'est elle qui prend la forme d'une question anxieuse, ou plus souvent encore, d'un appel à l'aide, mais discret, dénué de caractère dramatique, encore qu'il pût avoir pour celui ou celle qui le proférait, une importance particulière. De plus, cet appel apparaissait fréquemment comme un effort presque futile, voué à l'avance à un certain échec, du fait qu'il était presque toujours adressé à un être transcendant inaccessible. D'où le caractère étrangement vain et douloureux de cette demande se perdant dans le vague. « Rien ne m'est sûr que la chose incertaine », écrivait Villon, qui, lui aussi, confessait ne rien savoir, pas même en quel lieu avaient disparu les dames et les neiges du temps jadis.





Cet aveu d'ignorance générale, étroitement mais confusément associé à un appel, c'est ce qu'on trouve dans tant de pensées questionneuses émises au cours des âges, depuis le temps de saint Augustin jusqu'à celui de Villon ou même de Verlaine : aboutissant d'ailleurs presque toujours au même constat d'impuissance ou d'échec. Ignorance éternelle qui se retrouve en toutes les pensées, les plus savantes comme les plus simples. A l'époque de la Renaissance, cette ignorance interne est aussi fréquente qu'en d'autres âges. On la rencontre chez Montaigne. On la trouve aussi, parmi d'autres personnages, dans la pensée d'une reine, pourtant très savante, mais susceptible néanmoins de ramener de temps à autre sa pensée aux questions les plus naïves. Il s'agit de Marguerite de Navarre. Vivant à la cour de France, ou-en d'autres lieux parmi les plus raffinés de la terre, elle était capable, parfois, sans le chercher, de trouver pour celui à qui elle s'adressait, le ton le plus humble et le plus troublé, celui de l'être qui, avec la plus grande anxiété, pose ses questions, sans espérer grandement obtenir les réponses :



Mon Dieu... le moyen vous seul savez

De m'ôter hors de la détresse

De peur de pis, qui tant me presse

Que je ne sais là où j'en suis.

Je ne suis celle qui suis

Car je ne connais mon maître

Je ne sais que je serai Je ne sais que devenir.



Voix très faible, ou très humble, ou qui n'espère pas trop avoir de réponse, voix si faible qu'il faut être très attentif pour l'entendre, et où perce cependant le même tourment angoissé qui fut dans la voix de saint Augustin et qui sera dans celle d'un Fénelon ou d'un Pascal. Notre pensée n'a jamais autant de prix que lorsqu'elle exprime ainsi, non une certitude, mais un doute, une absence de confiance. Il est singulier que cet état d'esprit ait pu se faire jour dans la pensée d'un être environné par tout le brouhaha d'une cour. Il n'en est que plus précieux, en raison de ce manque, non de foi, mais d'assurance.






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