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L'envers du décor






Il n'est pas de progression continue des Lumières au cours du siècle. La décennie précédant la Révolution est plus particulièrement marquée par l'incertitude ; des conceptions et des pratiques combattues par les philosophes ressurgissent. La disparition des grandes voix des Lumières (Voltaire et Rousseau meurent en 1778, Diderot en 1784) expliquerait une telle résurgence. De multiples facteurs entrent en fait en jeu. Chez ceux qui se réclament de l'héritage des encyclopédistes, les clivages religieux et politiques se prolongent et se confortent. Les lignes de partage s'avivent entre les déistes et les matérialistes, entre les partisans d'une monarchie éclairée et ceux qui ne croient plus guère aux compromis.



Le Dictionnaire d'économie politique de l'Encyclopédie méthodique, tentative de prolonger et de parfaire l'Encyclopédie de Diderot, révèle l'éclatement de la pensée politique des Lumières : mieux vaut le réformateur mesuré et prudent que le novateur visant la perfection.



Les génies médiocres ne s'écartent guère des routes battues. Lorsqu'ils voient les abus, ils en cherchent la cause ; et dès qu'ils l'ont trouvée, ils tâchent d'y appliquer le remède qu'ils jugent convenable, mais avec le moins d'innovations possibles. Si leurs opérations ne sont pas brillantes, elles sont plus tranquilles ; ils perfectionnent le système qui se trouve en vigueur ; ils cherchent à en tirer parti, et, on doit l'avouer, cette méthode a moins d'inconvénients.



Les hommes d'un génie supérieur au contraire n'ont pas des vues très vastes ; ils ne se contentent pas volontiers des établissements actuels, parce que les inconvénients qui en résultent les frappent plus que le bien qu'ils produisent. Ils tendent à la perfection : cet essor les entraîne, et rien ne les arrête. Leurs yeux élevés vers cette perfection qui les appelle, ne voient pas les détails qui feront échouer leur nouveau système dans la pratique.

Art. « Décadence des États », Dictionnaire a" économie politique et diplomatique, t. Il, 1784-1788.



L'heure n'est plus à la lutte contre les prétentions de l'Église et des Grands. Les menaces se sont, semble-t-il, déplacées : l'Encyclopédie méthodique dénonce l'hostilité irraisonnée aux accaparements des blés, les mises en cause violentes du droit de propriété et la critique systématique des autorités comme autant de manifestations condamnables de « l'enthousiasme de la liberté » et de « l'esprit d'égalité extrême ». L'Encyclopédie méthodique, malgré son admiration pour les États-Unis d'Amérique, met particulièrement en relief les excès égalitaires de la démocratie pure. En cette veille de la Révolution, chez ceux-là même qui affirment reprendre le flambeau de Diderot et des encyclopédistes, ressurgissent massivement les visions catastrophiques de l'histoire.

Cet éclatement des Lumières est largement déterminé par une évolution sans précédent du champ intellectuel. Aux hommes de lettres intégrés dans les institutions culturelles d'Ancien Régime (essentiellement les académieS) s'oppose une « bohème littéraire » qui, particulièrement à Paris, s'accroît en nombre et dont Rousseau est le modèle. Ces « Rousseau des ruisseaux » sont notamment les auteurs des libelles et pamphlets qui, en nombre croissant dans les années 1780, attaquent et dégradent systématiquement les élites sociales, politiques et culturelles. Ils fourniront en outre à la Révolution une part importante de son personnel politique (Jean-Paul Marat, médecin écarté des concours académiques, en est l'exemple le plus caractéristiquE).



Après cette nouvelle génération, un discours inédit sur Paris, sur la ville et ses marges, apparaît. Le Tableau de Paris ( 1781 ) de Louis Sébastien Mercier et Les Nuits de Paris ( 1788) de Rétif de la Bretonne mettent en scène les petits métiers, la vie précaire d'une population pauvre, soulignent le manque général d'hygiène :



Les chambres garnies sont sales. Rien n'afflige plus un pauvre étranger que de voir des lits malpropres, des fenêtres où sifflent tous les vents, des tapisseries à demi pourries, un escalier couvert d'ordures. En général, le Parisien vit dans la crasse : on n'a pas assez pourvu aux besoins des voyageurs, et cependant qui est-ce qui ne voyage pas ? Un Anglais et un Hollandais, qui se sont fait une jouissance de la propreté la plus délectable, se trouvent couchés dans un lit infecté d'animaux incommodes ; et tous les vents coulis entrent dans leur chambre. Ils quittent le plus tôt possible une ville où tous les sens sont douloureusement affectés, et emportent l'argent qu'ils y auraient laissé.

Louis Sébastien Mercier, Le Tableau de Paris, 1781.



Par leur ambition de restituer, au-delà de tous les interdits, l'intégralité d'une mémoire individuelle, Les Confessions de Jean-Jacques Rousseau ébranlent profondément la confiance en la raison. L'ouvre romanesque de Rétif de la Bretonne comme son autobiographie Monsieur Nicolas (1796) témoignent d'une même volonté de livrer aux lecteurs les bas-fonds de l'âme.

L'ouvre romanesque de Sade, enfin, met en série, décrit et analyse les multiples comportements sexuels sans que la moindre renonciation coupable ne soit un moment envisagée. L'individu est confronté, dans la solitude, à la vérité matérielle de ses désirs et de ses plaisirs. S'impose désormais en cette « fin des Lumières » la figure rétivienne du guetteur solitaire et nocturne : le hibou ou le « griffon » de l'île Saint-Louis, scripteur des amours nocturnes.



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