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Jean Froissait poète






Ces traits, en particulier le jeu sur le temps à travers ses diverses valeurs et l'attention aux choses de la vie, sont plus accusés encore chez les poètes de la génération suivante qui se mettent à l'école de Machaut, Jean Froissait et Eustache Deschamps. Du premier (1337 ? - après 1404), on parlera surtout plus loin en tant que chroniqueur. Ses intérêts d'historien de son temps transparaissent d'ailleurs jusque dans sa production lyrique, puisqu'il est l'auteur de plusieurs pastourelles à caractère politique, et non plus erotique, dans lesquelles bergères et bergers célèbrent et commentent des événements contemporains, traités de paix ou mariages princiers. On peut noter que sa carrière d'homme de lettres reconnu et fêté, protégé par des mécènes successifs et prébende d'un canonicat par leurs soins sans pourtant dépendre exclusivement d'aucun d'eux, n'est pas sans ressemblance avec celle de Machaut.





L'univers allégorique de Machaut et les personnages dont il le peuple avec prédilection, comme Fortune, se retrouvent chez Froissait. Plusieurs de ses dits relevant de l'esprit courtois sont directement inspirés par ceux du chanoine de Reims : comme lui il compose un Dit de la Marguerite et sa Plaidoirie de la Rose et de la Violette évoque le Dit de la Fleur de Lis et de la Marguerite de Machaut. La filiation apparaît tout autant dans les grands poèmes de Froissait qui donnent à l'allégorie une coloration autobiographique (l'Espinette amoureuse, le Joli Buisson de JonecE) ou qui se veulent un « confort d'ami » (la Prison amoureuse ou, dans une certaine mesure, le Dit du bleu ChevalieR). Comme Machaut, Froissart insère dans ses dits des poèmes lyriques et des lettres. Comme lui - plus encore que lui, peut-être -, il fait une large place à la mythologie. Plus que lui, il convoque les personnages des romans arthuriens, pour lesquels il éprouve un goût dont témoigne son propre roman de Méliador. Comme lui, il est fidèle à la leçon de Guillaume de Lorris, par exemple dans son premier dit, le Paradys d'Amours, récit d'un songe allégorique dans lequel le poète visite le jardin du dieu d'Amour où sa dame le couronne d'un chapelet de marguerites avant qu'il se réveille.



En dehors de l'intéressant Orloge amoureus, où Froissart décrit avec précision le mécanisme d'une horloge en y voyant une allégorie des mouvements du cour amoureux, ses trois poèmes les plus importants sont l'Espinette amoureuse, la Prison amoureuse et le Joli Buisson de Jonece. Le premier est le récit d'une initiation sentimentale. Désireux d'aimer depuis son enfance, dont il énumère longuement les jeux, le poète se voit accorder par Vénus le don d'être amoureux. Il s'éprend en effet d'une dame, la rencontre ou la manque en diverses occasions sociales, lui envoie des poèmes, apprend avec désespoir qu'elle va se marier, médite sur son geste d'adieu à la brutalité ambiguë (elle lui a arraché quelques cheveuX). A ce prélude, le Joli Buisson de Jonece sert de conclusion ; mais le corps de l'amour aura manqué. A trente-cinq ans, le 30 novembre 1373, le poète rêve que Jeunesse le conduit à un buisson rond, à la signification allégorique riche et complexe, où il retrouve inchangée, avec sa propre jeunesse, la dame qu'il aimait jadis. Mais le réveil l'arrache à ces chimères, et il se tourne vers la Vierge pour laquelle il écrit un poème. La Prison amoureuse s'organise autour de la discussion sur la nature de l'amour que poursuivent le poète-conseiller, qui se donne le nom de Flos, et l'amant, qui reçoit celui de Rose, dans une correspondance formée de lettres en prose insérées dans le dit. Rose raconte en particulier un rêve qui, sous le voile de l'allégorie, fait allusion à la captivité d'un an du bienfaiteur de Froissart, le duc de Brabant Wenceslas de Luxembourg, fait prisonnier par le duc de Gueldres à la bataille de Baesweiler en 1371.



Plus que Machaut, Froissart s'entend à écrire une poésie du quotidien. Dans l'Espinette amoureuse, il énumère, on l'a dit, des centaines de jeux enfantins et il évoque le temps où il essayait de se faire remarquer par les petites filles en se battant avec les garçons :



Et s'ai souvent d'un bastonciel Et j'ai souvent fait d'un bâton

Fait un cheval nommé Grisiel, un cheval nommé Grison,

Et ossi souvent fait avons et souvent aussi nous faisions

Hïaumes de nos caperons, des heaumes de nos capuchons,

Et moult souvent devant les filles ci très souvent devant les filles

Nos bâtions de nos kokilles. nous nous battions avec nos bonnets.

(V. 213-218).



Le temps où il rentrait les habits déchirés et où il était battu parce qu'il s'était battu ; le temps où il était battu encore pour n'avoir pas appris son latin ; le temps où il offrait aux filles des couronnes de violettes : tant de faits minuscules et décisifs, toute une préhistoire de l'amour. Dans un autre registre, il imagine un débat entre son cheval et son chien pour savoir lequel souffre le plus des voyages auxquels les contraint leur maître (Débat du cheval et du lévrieR). Le Dit du florin évoque son séjour à la cour du comte de Foix Gaston Phébus, la somme qu'il a reçue de ce prince pour lui avoir lu son roman Méliador, et comment cette somme lui a été dérobée pendant le voyage de retour. Heureux caractère et poète habile, Froissait sait dans ces moments joindre à l'aisance élégante de ses vers un humour et une simplicité de ton qui leur donnent une grande séduction.



Eustache Deschamps



Deschamps, qui déplore dans une ballade célèbre la mort de « Machaut, le noble rhétorique », se veut plus explicitement que Froissait son disciple, mais est sans doute plus éloigné de son inspiration. Un peu plus jeune que Froissait (1346-1406 ou 1407), Champenois comme Machaut dont une tradition du XV siècle fait son oncle, il interrompt des études de droit poursuivies à Orléans sans beaucoup de zèle pour entrer au service du roi comme messager. Il occupera diverses charges administratives, dont celle de bailli de Valois à partir de 1373 environ, année qui paraît être aussi celle de son mariage. Il participera surtout, jusqu'à ce que l'âge et la maladie l'en écartent, à la vie joyeuse et frivole de la cour, fâché lorsque sa charge de bailli le retient à Senlis. Dès la naissance en 1372 de Louis, le futur duc d'Orléans, frère de Charles VI, il est attaché à la personne de ce prince et le restera jusqu'à sa mort. Mais ses dernières années semblent assombries par la maladie, par les soucis d'argent, par l'oubli.



Son ouvre énorme et dispersée (82 000 vers, à comparer aux 60 000 vers de Machaut et aux 35 000 de Froissait, auxquels s'ajoutent les 30 000 vers de MéliadoR) est composée pour l'essentiel de pièces à forme fixe : ballades, chants royaux, rondeaux, virelais et lais, auxquels s'ajoutent quelques poèmes stro-phiques ou à rime plate. Mais on y trouve aussi des compositions plus vastes, en particulier le Miroir de Mariage, poème allégorique de 11 000 vers resté inachevé. Outre quelques pièces en latin, Deschamps est aussi l'auteur de trois ouvrages en prose. On a déjà mentionné l'Art de dktier et défère chançons, balades, virelais et ron-deaulx... composé en 1393, qui emprunte ses exemples à l'ouvre du poète lui-même. La Demoustracions contre sortilèges est un recueil d'exemples dirigés contre l'art de la divination. La troisième de ces pièces, traduite du latin, est une déploration sur l'Eglise en proie au schisme.

L'ouvre poétique se veut pour une très large part un reflet du quotidien et se nourrit volontiers de l'écume des jours : au fil et au hasard des poèmes Deschamps décrit les mours de la cour, donne des conseils au roi, célèbre des événements politiques, des naissances et des morts illustres, moralise avec facilité. Il rime pour demander de l'argent au roi, pour demander au pape un canoni-cat pour son fils, pour commenter un procès dans lequel il est engagé, pour reprocher à un ami de lui avoir fait vendre sa maison trop bon marché, pour prodiguer de bons conseils à sa fille qui va se marier, pour se plaindre à la duchesse d'Orléans qu'une pièce de sa maison sent mauvais et pour espérer qu'il sera mieux logé dans l'hôtel ducal à Paris. Il rime en qualité de président de plusieurs sociétés de buveurs. Il rime, et abondamment, pour donner des conseils d'hygiène alimentaire. Il compose une ballade sur la calvitie, inconvénient qu'il partage avec plusieurs de ses nobles amis et qui paraît l'avoir beaucoup affecté, car il y revient souvent ; une autre pour raconter une nuit de ribote passée par les oncles du roi et quelques-uns des plus grands seigneurs à l'hôtel de Nesles. Il se nomme « Brûlé des champs » le jour où les Anglais incendient sa maison de campagne. Il ironise sur son physique simiesque, se proclame le « Roi des laids », parle de son gros visage, de son teint basané, de son nez camus, de ses longues dents, de son groin de sanglier, de ses yeux louches. Il déplore sa propension à s'enrhumer et l'arthritisme dont il souffre. Il décrit avec réalisme, et aussi avec une amertume croissante, les infirmités de l'âge et la solitude qui l'accompagne, car il a connu l'humiliation de se sentir délaissé par les grands personnages beaucoup plus jeunes que lui, comme Louis d'Orléans, dont il avait été l'amuseur :



Je suis moqué, ainsi sont vielles gens,

Pardonnez moy, car je m'en vois en blobes'.

(Bail. 225, v. 27-28).



Ailleurs il se plaint qu'on ne lui rend pas les livres qu'il prête ou raconte une équipée canularesque dans Calais occupé par les Anglais. Sans parler des pièces grivoises ou ordurières, l'amour n'est pas oublie : Deschamps propose ses services à Péronne d'Armcntières après la mort de Machaut et célèbre une Marguerite la Clinete nonayn d'Ormonl, dont l'acrostiche d'un poème livre le nom. Poésie de circonstance (inclure dans le poème l'énoncé de sa date est chez lui une pratique courantE), poésie qui mêle dans le quotidien l'humour et l'amertume : ces caractères qui ont longtemps fait considérer l'ouvre de Deschamps comme mineure sont ceux-là mêmes qui la rendent importante à nos yeux.





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