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EXPRESSIONS DU MOI À LA FIN DU SIÈCLE






Souvenirs et mémoires



« Il semble que le public soit las des fictions et savoure la certitude de la réalité des récits et descriptions que ces sortes d'écrits lui offrent », écrit Gustave Lanson en constatant l'abondance des souvenirs, mémoires, récits de voyage, lettres, etc., vers la fin du siècle. Quelques publications différées réveillent l'intérêt du public pour des périodes déjà éloignées; ainsi des Mémoires de Mme de Rémusat (1780-1821), publiés en 1879-1880, ou de ceux de Talleyrand (1754-1838), qui paraissent en 1891-1892. En 1884 et 1888, on découvre Ma jeunesse et Mon journal, de Michelet, disparu en 1874, mais l'intérêt se porte cette fois davantage sur la personnalité de l'écrivain que sur les événements dont il a été le témoin. On en dira autant des Souvenirs d'enfance ei de jeunesse de Renan, publiés dans la Revue des Deux Mondes à partir de 1876 avant d'être réunis en volume en 1883.



Claudel a résumé, avec sa verve et son outrance habituelles, cette époque où le scientisme triomphe encore, époque «de la conquête du monde par la machine et les chemins de fer. Parsifal est représenté en 1883. C'est l'année où le triomphe matérialiste connaît son apogée. La gloire de Taine et de Renan couvre tout; notre poésie se borne à colorier des cartes postales, notre roman est le roman naturaliste. On n'ouvre pas un livre, pas un journal, sans y trouver des attaques et des railleries contre la religion. » (Conversations dans le Loir-et-Cher.) La publication des souvenirs de l'auteur de la Vie de Jésus et du grand historien des langues sémitiques est accueillie comme un événement : l'ouvrage de Renan va aider à comprendre comment un jeune Breton, transplanté dans un séminaire parisien, s'est éloigné des légendes de son enfance et a exercé son esprit à la critique jusqu'à perdre la foi. Ces Souvenirs sont au demeurant fort «composés» : ainsi la «Prière sur l'Acropole», moment d'extase où Renan a eu, devant l'architecture de marbre des Athéniens, une image de la «perfection», fait savamment équilibre, vers le début du volume, aux rêveries de l'enfant dont l'esprit a été «faussé» par le granit de la cathédrale de Tréguier. Mais Renan n'est pas de ceux qui «raillent» la religion, on le voit plus curieux de progresser vers la vérité que d'assener des professions de foi scientistes et, loin de contribuer au « triomphe du matérialisme », ses Souvenirs visent à montrer comment l'élève des pères de Saint-Sulpice est «sorti de la spiritualité pour entrer dans l'idéalité ».

Les souvenirs d'un écrivain célèbre aident à comprendre son itinéraire et à approfondir son ouvre. Ainsi sont reçus, plus que pour leur intérêt littéraire spécifique, le Journal de Stendhal, publié en 1888, et sa Vie de Henry Brulard, publiée en 1890. «Nous y trouvons le Beyle que nous connaissons, mais combien de choses sont expliquées dans ces Mémoires, et avec quel charme, quel esprit, quelle émotion et quelle sincérité ! - une sincérité qui est souvent du courage », commente Casimir Stryienski à qui nous devons ces premières publications. On l'aurait surpris en lui révélant qu'un siècle plus tard, bien des beylistes ne liraient pas le grimoire et les schémas obscurs de Henry Brulard comme un document qui éclaire Le Rouge. ..ou La Chartreuse..., mais comme une ouvre à part entière, « composée » elle aussi, où se perçoit au plus près un style qui refuse l'emphase.



Les «Journaux», documents ou confidences? Les débuts d'André Gide



. Edmond de Concourt fit paraître après la mort de son frère Jules, entre 1887 et 1896. une partie de leur Journal, qu'il avait poursuivi seul et qui ne sera publié dans son intégralité qu'à partir de 1956. Le Journal des Goncourt révèle deux frères aigris et mesquins: il définit chemin faisant une esthétique et fournit un champ d'exercice à cette écriture « artiste » (faite notamment de mots rares et de bizarres inversionS) que Proust pastichera dans le pseudo Journal inédit inséré dans le dernier volume de la Recherche. Élevant grâce à l'art les plaisirs mondains de l'existence et réciproquement, les Goncourt sont à l'opposé de la conception proustienne du créateur qui, s'il fait son miel des réalités quotidiennes, situe dans un ordre supérieur l'art qui les transfigure. Aux yeux de ces collectionneurs insatiables, «Flaubert n'a aucun sentiment artistique». La preuve? « Il n'a jamais acheté un objet d'art de vingt-cinq sous. Il n'a pas chez lui une statuette, un tableau, un bibelot quelconque.» Pour l'essentiel, le Journal des Goncourt justifie son sous-titre : « Mémoires de la vie littéraire ». On ne lit pas sans malaise ces récits indiscrets de conversations privées, ces portraits qui caricaturent ou avilissent ceux que les Goncourt appellent leurs « amis », mais puisqu'ils ont été imprimés, aucun historien de la littérature ne saurait les ignorer. Soucieux de -sa gloire posthume, Edmond de Goncourt ordonna par testament la création d'une Académie, qui allait siéger pour la première fois en 1902 et décerner son premier prix l'année suivante. On sait que grâce à elle, le nom de « Goncourt » est peut-être plus fréquemment cité par les médias que celui de tout autre écrivain.



. Le mot Journal prend un sens tout différent avec le philosophe genevois Henri Amiel (1821-1881). On n'édita qu'après la mort d'Amiel, en 1883, sous le titre Fragments d'un journal intime, cet énorme manuscrit où sont consignés les plus petits changements d'une âme encline au pessimisme et parfois au désespoir. Combien d'autres «journaux» sont en cours de rédaction quand s'achève le siècle, qui ne seront que beaucoup plus tard révélés au lecteur! Jules Renard a commencé à tenir le sien en 1887, André Gide vers 1889, Léon Bloy en 1892. Les premiers fragments du Journal de Gide se retrouvent dans ses Cahiers d'André Walter (1891). Quand les Cahiers seront réédités en 1930, Gide s'accusera de la complaisance envers soi qui en affadissait chaque phrase. Il interrompt la rédaction de son Journal de 1894 à 1902, mais publie dans l'intervalle, en mai 1897, Les Nourritures terrestres. À la fois journal, recueil d'aphorismes et de vers, ce texte d'abord peu diffusé deviendra pour toute une génération, celle de l'entre-deux-guerres, un livre-culte, celui de l'affirmation de l'individu et de l'incitation à jouir de l'instant. Au moins, par la vertu du dédoublement (Ménalque s'y adresse à Nathanaël, en qui le lecteur est invité à se reconnaîtrE), Gide échappe-t-il ici au narcissisme où risquaient de l'enfermer ses premiers écrits.



. Les Nourritures terrestres. Risquons un parallèle. Le XIXe siècle s'ouvre avec René, où s'expriment le vertige de l'individu devant une société aux valeurs bouleversées et son désarroi de ne pouvoir donner une direction aux infinies possibilités de son moi. Il se clôt avec Les Nourritures terrestres, autre confession déguisée et nouvelle variation sur l'insatisfaction et les aspirations du moi. «J'écrivais ce livre», dira Gide dans la préface de l'édition de 1927, «à un moment où la littérature sentait furieusement le factice et le renfermé ; où il me paraissait urgent de la faire à nouveau toucher terre et poser simplement sur le sol un pied nu ». Pour guérir du désespoir, l'auteur de René exhortait à chercher refuge en Dieu. Comme à contrecour, prétendront certains. Au moins l'ouvre de Chateaubriand invite-t-elle, dans son ensemble, à un retour vers la foi chrétienne, vers la tradition, vers la famille. « Ne souhaite pas, Nathanaël, trouver Dieu ailleurs que partout », déclare au contraire Ménalque, avant de lancer le fameux : « Familles, je vous hais. » Mais de même que Chateaubriand avait déploré qu'au lieu de chercher un remède au mal de vivre, une génération entière l'ait cultivé, André Gide met ses lecteurs en garde, en 1927 : «Les Nourritures terrestres sont le livre, sinon d'un malade, du moins d'un convalescent, d'un guéri - de quelqu'un qui a été malade. Il y a, dans son lyrisme même, l'excès de celui qui embrasse la vie comme quelque chose qu'il a failli perdre. » L'Envoi des Nourritures... nous avait prévenus : « Jette mon livre ; dis-toi bien que ce n'est là qu'une des mille lectures possibles en face de la vie. Cherche la tienne. Ce qu'un autre aurait aussi bien fait que toi, ne le fais pas. Ce qu'un autre aurait aussi bien dit que toi, ne le dis pas, - aussi bien écrit que toi, ne l'écris pas. Ne t'attache en toi qu'à ce que tu sens qui n'est nulle part ailleurs qu'en toi-même, et crée de toi, impatiemment ou patiemment, ah ! le plus irremplaçable des êtres. »



Le rayonnement d'André Gide au XXe siècle sera comparable à celui qu'avait connu Chateaubriand au XIXe siècle. Mais l'un comme l'autre regretteront parfois d'avoir été pris pour des maîtres à penser.



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