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CRISE ET LITTERATURE






Avant même la mort de Richelieu apparaît un mécène d'un nouveau genre, M. de Montauron, roturier devenu immensément riche par la spéculation. Il avait besoin d'éloges pour laver l'odeur de son argent. Les auteurs en avaient à revendre. Marché conclu. Mais le verbe héroïque y sombre dans l'inflation. Tristan dédie La Lyre (1641) puis Mareschal son Mausole'e, « l'une des sept merveilles du monde, [...] à la huitième et à la véritable merveille de notre siècle », à un « généreux » (au sens héroïque !) qui allie « la gloire de Nestor » à celle « d'Achille ». Le fier Corneille, chantre de la générosité héroïque, apanage exclusif des âmes bien nées, tout en rappelant qu'il est fort « éloigné de la flatterie », lui dédie Cinna. Auguste « était tout généreux et sa générosité n'a jamais paru avec tant d'éclat que dans les effets de sa clémence et de sa libéralité [...]. Cela étant, à qui pourrais-je plus justement donner le portrait de l'une de ces héroïques vertus qu'à celui qui possède l'autre en un si haut degré ? [...] Cette générosité qui [...] est l'âme de votre âme [...] prend plaisir à s'étendre sur les gens de lettres [...]. Le généreux M. de Montoron, par une libéralité inouïe en ce siècle, s'est rendu toutes les Muses redevables ». Montauron donna 2 000 livres. Dans de telles conditions, le discours de la littérature héroïque peut-il rester crédible ?





La tragédie, fleuron des années héroïques, connaît une brève crise : neuf par an de 1636 à 1640, douze en 1641, quatre en 1642, cinq en 1643. Corneille revient un instant à la comédie après une sorte de palinodie, La Mort de Pompée (fin 1643, 16 février 1644) qui cesse de chanter le dévouement héroïque pour dénoncer le triomphe des intérêts : raison d'Etat et ambitions personnelles. L'exécution de Cinq-Mars (12 septembre 1642) a rejeté Cinna dans l'utopie. Sa dédicace témoigne de l'ascension des profiteurs aux dépens des héros.

Vaincu par César, Pompée se réfugie en Egypte où le roi Pto-lémée, poussé par des ministres machiavéliques, le tue pour présenter sa tête au vainqueur. la justice n 'est pas une vertu d'État. ta timide équité détruit l'art de régner. (104-108)



Qui veut le pouvoir doit préférer le « crime qui lui sert » à « la vertu qui le perd » (111-112). Débarrassé de son rival, César éprouve une « maligne joie » (775). Mais « sa gloire indignée » l'emporte (776). Il voulait « vaincre et pardonner » (916). Frustré de cette gloire, il demande la tête des assassins. Apeurés, les ministres poussent Pto-lémée à une révolte vite écrasée par César, mais qui rend au roi « toute sa gloire » (1657) ; il est mort en généreux : Corneille refuse d'accabler les monarques, vertueux par définition.



Cléopâtre « n'est amoureuse que par ambition » (CorneillE). Selon Ptolomée, elle fait « agir l'intérêt sous le nom de vertu » (280). Elle a néanmoins le sens de la gloire, mais elle s'y enferme, tout comme César. Elle a de bonnes intentions envers Pompée ou Cornélie. Mais elle ne fait rien. Il n'y a plus de foi, de dévouement, d'efficacité dans cette pièce dont le héros est un mort. Sauf chez sa veuve, Cornélie, le seul personnage vraiment admirable, mais réduit aux « vains projets » d'un « grand cour impuissant » (1761-62). Après l'épopée providentielle de la valeur (du Cid à Po/yeuctE), voici le règne de la force guidée par l'intérêt : « le droit de l'épée » a tranché le conflit entre César et Pompée que « les dieux [...] n'osaient juger. » (3-14)

La ruine de l'optimisme providentiel, qui les dynamisait, modifie dramaturgie, psychologie et style. Les personnages se rapprochent du stéréotype. Les femmes et le mort, figures d'utopie, font la leçon au vainqueur et aux hommes, maîtres du réel. Du dynamisme épique du Cid, on revient vers la déploration pathétique du temps des guerres de religion ; des thèmes caractéristiques : inconstance de la fortune, Orient maudit, femme fatale. Mais on va aussi vers la galanterie romanesque qui va triompher pendant quinze ans. D'Italie, de Gaule, d'Espagne, César « chaque jour » « quitte l'épée fumante encor » pour écrire les lettres d'amour (391-400).

Comme le pathétique et le romanesque, la rhétorique compense la réduction de l'action. Une solennelle délibération, puis « une longue et fastueuse cérémonie funéraire » (G. CoutoN) et de nobles galanteries : « ce sont sans contredit les vers les plus pompeux que j'aie faits ».

Complétant sa volte face. Corneille revient à la comédie avec Le Menteur (hiver 1643-1644). Il évolue vers le romanesque (dégradation de l'héroïque, caractéristique de la Régenceldans La Suite du Menteur (hiver 1644-1645 : un écheC). Par leurs sources espagnoles, leur fantaisie, leur héros prétentieux et ses déguisements avantageux, un style ferme et clair mais d'une verve savoureuse, ces ouvres rappellent, sur le mode distingué, la comédie burlesque, apparue en 1643.

Au moment où Corneille passe de la célébration de l'État à la dénonciation de son machiavélisme. Du Ryer fait la volte-face inverse. Il exprimait le point de vue de l'opposition : c'est à la déchéance de celle-ci qu'il est sensible. A travers Saùl (1639-1640, 1642), roi valeureux, combattant héroïque, excellent père, qui se repent de ses persécutions et en assume pieusement le châtiment, à travers le Roi d'Esther (1642-1644) dont la bonté n'est que momentanément aveuglée par le sinistre Haman, Du Ryer amorce une conversion au centralisme monarchique qui s'affirme dans son chef-d'ouvre Scévole (hiver 1642-1643), où l'héroïsme est identifié au patriotisme, la valeur morale au devoir d'État.

De son côté, Tristan l'Hermite du Solier, « né trop libre pour faire le métier des esclaves » (1642) mais trop pauvre pour ne pas servir, s'aigrit au service de Monsieur* dont la conduite décevante exprime l'impuissance de l'opposition. Il sublime son amertume en stoïcisme. En revanche Le page disgracié, récit picaresque (et fantaisiste ?) de sa jeunesse (1642), n'a nul succès, non plus que le Polyandre de Sorel (1648), peinture réaliste de la société parisienne. En 1643-1644, il donne La Mort de Sénèque, son chef-d'ouvre. Exprimant l'amertume de son expérience, il stigmatise à la fois la sadique tyrannie de Néron et la veulerie des comploteurs, leur opposant le courage d'une simple affranchie et d'un philosophe enveloppé dans la répression d'un complot dont il avait refusé d'être.






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