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BOSSUET






« Il y a des âmes, dit Bossuet, qui se voient en chaque moment en état que leur volonté leur échappe. Elles sont toujours prêtes à tomber. » Ailleurs, s'adressant directement à ses auditeurs, il leur dit : « Il ne faut pas vous étonner que votre volonté soit prête à s'échapper à soi-même. » Enfin, dans un autre texte, presque avec des mots identiques, Bossuet parle d'une « faiblesse de l'âme à qui tout échappe et qui s'échappe à elle-même ».



A différentes reprises donc, Bossuet parle d'une grave faiblesse de l'homme. Cette faiblesse, il la dénonce. Le choix de ce terme de faiblesse pourrait surprendre dans la bouche du grand athlète de la vie chrétienne qu'il était.





Au lieu de le voir insister sur la fragilité de la nature humaine, prise en elle-même, on l'eût plus volontiers vu faire appel à ses auditeurs pour qu'ils surmontent leurs défaillances et rallient leurs forces. Et pourtant l'on constate que, dans tous ces cas, Bossuet ne les exhorte pas à bander leurs énergies, mais uniquement à prendre conscience de ce qu'il y a de profondément faible en eux. Et ceci vaut tout aussi bien en ce qui le regarde lui-même. Comme tous les êtres auxquels il s'adresse, il s'éprouve dans la faiblesse de son âme, il sent s'évanouir sa force et s'échapper sa volonté. Telle est la situation dans laquelle il se reconnaît être, en même temps qu'il la perçoit partagée par la communauté de ses auditeurs. Il est, comme eux, un être qui, lorsqu'il s'interroge, se voit non dans sa force, mais, à l'inverse, dans le mouvement de recul ou de fuite, causé en lui par la défaillance de la volonté. Il sait que ce qu'il y avait en lui de plus ferme se dissout et se dérobe à son emprise. Aussi, ce que Bossuet constate en lui, ce n'est pas une assise solide, un point d'appui sur lequel il pourrait reposer, c'est au contraire l'expérience confuse et angoissante d'une fuite de l'être. L'être échappe à lui-même. Comme tous les êtres qui l'entourent, Bossuet se découvre sujet à une perpétuelle défaillance. Sur ce point il n'est nullement différent des autres grands écrivains religieux de son siècle, mais il est peut-être le seul qui avec tant de force dénonce en lui comme en tous tant de faiblesse. En chaque instant, comme il le dit, il voit l'être humain en train de choir dans une sorte d'abîme : chute sans cesse renouvelée ou prolongée, qui, durant tout le temps qu'elle a lieu, apparaît comme une durée confuse, où tout se mêle, où il est impossible de rien considérer avec quelque netteté. De ce point de vue, toutes les existences se confondent, tous les temps se ressemblent et offrent le même néant. Une grande partie de la hauteur de vue dont fait montre Bossuet et avec laquelle nous le voyons si souvent survoler les existences humaines vient du fait qu'il a la capacité exceptionnelle d'embrasser celles-ci en leur généralité, mais aussi, en même temps, de nous faire sentir à quel point, prises isolément, ces existences sont personnelles. Dans la vaste perspective où Bossuet retrace toujours avec une hauteur admirable les faits et les méfaits d'une humanité contemplée dans son ensemble, le sort de chacun lui apparaît à la fois comme plus ou moins perdu dans la masse mais se présentant aussi, simultanément, dans le tragique particulier qui est le sien. Bossuet, en chaire, s'adresse à tout le monde, mais dans un discours où chaque cas prend valeur d'exemple et est considéré séparément. D'où dans ces sermons consacrés à la peinture de toutes les âmes, une combinaison exceptionnelle de deux tendances ordinairement opposées : l'une où les êtres sont saisis individuellement, l'autre, à l'inverse, qui uniformisent les situations en ramenant les existences particulières à un même état général, comme si la chute du pécheur individuel disparaissait dans l'ampleur du cataclysme universel réduisant tous les êtres au même néant et à la même uniformité. Le génie descriptif de Bossuet a cette propriété remarquable de savoir niveler, quand il le veut, les individualités même les plus saillantes en les ramenant à une identique nullité.



On aurait pu supposer un instant que pour faire sortir les êtres de cet anonymat tragique où ils se trouvaient ainsi réduits, Bossuet aurait naturellement fait allusion à la vigueur originelle de l'homme, et aux ressources que la sagesse ou la miséricorde de Dieu aurait placées en lui. Etant donné la virilité de Bossuet lui-même et son goût de l'énergie, il n'aurait pas été inconcevable de le voir prêchant l'action et exaltant les vertus humaines. Mais c'aurait été là concéder que pour le sévère prédicateur chrétien qu'était Bossuet, l'homme eût encore gardé l'intégrité de ses forces morales. Or telle n'est pas évidemment l'orientation prise par Bossuet. Un peu partout, dans le Discours sur l'histoire universelle comme dans les Sermons, il s'est donné expressément pour objet de nous montrer comment les intentions humaines sont invariablement déjouées par les fins divines, en sorte que celles-ci se réalisent immanquablement, sans que l'homme y puisse jamais mêler ses desseins propres. Dans quasi tous les écrits de Bossuet, la seule issue présentée par l'auteur est celle de l'anéantissement de la volonté humaine devant la volonté divine. La seule contribution que l'homme puisse apporter à l'ouvre de Dieu, c'est, par un étrange renversement, seule la faiblesse de l'homme qui puisse l'offrir. L'homme est faible. L'homme est nul. Il n'a ni forme ni consistance. Tout le prouve. Il s'agit donc pour lui, non de lutter contre ce manque de forme et de consistance, mais de pousser au contraire jusqu'à ses extrêmes limites la singulière propriété qui lui est donnée de se réduire au néant. Telle est la vraie voie, la voie négative. Il faut « abaisser nos entendements », balayer nos intérêts, annuler notre volonté, abandonner sans réserve aucune notre inclination pour les objets déterminés, quels qu'ils soient, auxquels nous avions eu le tort d'attacher une valeur; bref, il faut, en nous et autour de nous, faire le vide ; il faut aussi, pour accéder à la lumière divine, passer, comme Bossuet l'indique, par les ténèbres divines : Entrons dans la nuée, dit-il. Et ailleurs : Aimons les ténèbres de la foi.

Dès lors il ressort des textes cités que la pensée du grand prédicateur se situe dans un temps qui n'est pas celui de la lumière, qui est celui de l'obscurité et des énigmes. Comme il en va chez les mystiques, l'on voit cette pensée renoncer à la possession directe de la clarté. Elle abandonne les précisions, les déterminations, les fausses certitudes de la vie courante, pour ne se nourrir que d'espérance. Et, pour nous servir d'une expression de Bossuet lui-même, elle se satisfait d'être une lampe, mais une lampe située dans un lieu obscur.



BOSSUET: QUELQUES POINTS GÉNÉRALEMENT TRAITÉS DANS SES SERMONS



D'abord un être qui se découvre dans l'ignorance il est sans savoir, interdit et confus.

Cette ignorance est liée de la façon la plus étroite à sa condition temporelle. Le temps est un voile, c'est une espèce d'obscurité. L'on est comme perpétuellement enveloppé daps la confusion. On est dans Pinformité.

Confusion dans laquelle on tombe, dans laquelle on s'enfonce, corrfrne dans une nuée où l'on voit trouble, comme dans une nuit où l'on ne voit rien.

Mouvement par lequel on échappe sans cesse à soi-même, par lequel l'on sent son être toujours en train de se dérober à soi.

Alors que faire ? Transformer cette fuite intérieure en un abandon. Entrer dans la nuée, c'est entrer dans les ténèbres de la foi - foi obscure et nue - perte de soi-même, mais en Dieu.



Ainsi l'on transforme le temps, qui en lui-même n'est rien, qui en lui-même n'a ni forme ni consistance, qui ne se forme qu'en se dissipant. Par la perpétuelle dissipation de soi-même on entre dans les ténèbres divines : ténèbres comparables à l'état de la création avant que Dieu ne lui eût donné une forme.



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