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Essais littéraire

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BOILEAU DE 1667 À 1679






En dix ans, le « jeune emporté » (Boursault, 1668)^ le roquet subversif des Satires (p. 223-224) devient le moraliste des Epîtres, le législateur du Parnasse, l'ami des puissants, l'historiographe de Sa Majesté.



1. Assagissement et intégration (1667-1673)



La Satire IX, A son esprit (écrite vers octobre 1667 et publiée vers avril 1668, une des meilleures ouvres de BoileaU) et un Discours sur la satire (id.) précisent les droits et les limites du genre et répondent aux accusations (p. 224), présentant les plus dangereuses comme imaginations d'auteurs vexés :



Qui méprise Cotin n 'estime point son Roi



Et n 'a, selon Cotin, ni Dieu, ni foi, ni loi.



A part une sortie contre la guerre et les conquérants, la Satire VIII (1668), qui montre que nos passions nous rendent moins raisonnables que les animaux, n'a rien d'agressif. Ensuite, Boileau abandonne la satire jusqu'en 1694.



Certes, il a gardé cette tournure d'esprit. En 1670-1671, il revoit les parodiques Dialogues des héros de romans commencés vers 1666. Il récitait volontiers cette facétie sans danger, mais elle n'est imprimée, à son insu, qu'en 1688. Avec Bernier et peut-être Racine, il rédige un Arrêt burlesque (1671) «contre tous ceux qui prétendent faire enseigner ou croire de nouvelles découvertes qui ne soient pas dans Aristote ». Attendu qu'« une inconnue nommée la Raison aurait entrepris d'entrer par force dans les Écoles [...] à l'aide de certains quidams factieux prenant les surnoms de Gassendistes, Cartésiens, Malebranchistes » et s'appuyant sur « la seule Expérience, dont le témoignage n'a jamais été reçu dans lesdites Ecoles », la Cour « fait défense au sang d'[...)errer ni plus circuler dans le corps » et bannit « à perpétuité la Raison des Écoles [...] à peine d'être déclarée janséniste ». Cette publication anonyme met en cause le Parlement et la Sorbonne* : mais rien de comparable aux audaces des premières satires.

Les années 1667-1673 sont celles de l'intégration. Boileau rompt avec les libertins, délaisse les cabarets pour les salons. Défenseur en 1664 du premier Tartuffe, il devient en 1667 le protégé de celui qui interdit le second : Lamoignon premier président du Parlement, membre de la Compagnie du Saint-Sacrement, qui réunit autour de lui une petite académie de graves personnages : des magistrats, Bos-suet, Bourdaloue, Bouhours, Rapin, Pellisson et parfois le grand Arnauld, un lutteur que Boileau admire et qui favorise son évolution morale. A partir de 1669 au plus tard, il est aussi le protégé de Mme de Montespan. Il est reçu chez M. le Prince* (à partir de 1672), La Rochefoucauld, Mme de Lafayette. On lui trouve maintenant « un air d'honnête homme » (Bussy, 30 mai 1673). Il a quitté la satire pour l'épître, genre libre et familier, mais sans agressivité (9). Ambitionne-t-il d'être le nouvel Horace ? Parmi les ouvres de celui qui était le grand maître après Aristote, on distinguait des Satires, des Épîtres, un Art poe'tique.

L'Épître I (1670) célèbre Louis XTV et le pacifisme. Mais quand débute la guerre de Hollande (avril 1672), Boileau modifie son texte pour se proposer de chanter les exploits du conquérant. Il le fait dans VEpître IV (août 1672) mais peine et tourne court. Faiblesse d'inspiration ou mauvaise conscience ? Ce bourgeois moraliste manque de passion guerrière et sa transformation lui pose quelques problèmes, dont témoigne VEpître III (rédigée à partir de 1670, publiée en 1674), sur « la mauvaise honte » qui nous empêche de nous convertir à la vérité.



2. 1674 : le magistère



Dès 1669, Boileau passe pour un « oracle » (anonymE), « la règle des ouvrages du siècle » (BarbiN). La consécration viendra en 1674. En janvier, le roi lui accorde une pension de 2000 livres. Il publie ses Ouvres (juilleT), dont deux épîtres inédites (II et III), l'Art poétique, le Traité du Sublime, le début du Lutrin (I-IV). L'Art poétique, commencé en 1670, est nourri d'Aristote, Horace, Scaliger, La Ménardière, d'Aubignac. Il comporte quatre chants. Conseils généraux : la poésie suppose un don, mais surtout une méthode dont Boileau retrace l'élaboration (10) (I) ; petits genres (II) ; grands genres : tragédie, poème héroïque, comédie (III) ; conseils moraux : réfléchir avant d'écrire, aimer la vertu ; éloge du Roi (IV). Aucune réflexion approfondie dans cette ouvre destinée au grand public. Les Réflexions sur la poétique d'Aristote du Père Rapin (novembre 1673), élaborées elles aussi à l'académie Lamoignon, exposent les mêmes idées, mais pour les doctes, avec plus d'intelligence. Traditionaliste, l'Art poétique célèbre l'épopée morte, refuse les farces de Molière, ignore la fable, méconnaît Ronsard, exclut Théophile, proscrit (11) le merveilleux chrétien, « mélange coupable » entre la fiction et nos « terribles mystères ». N'est-ce pas rejeter la littérature vers la convention ? Ce catéchisme académique est « une somme des idées reçues » (F. EscaL) chez les disciples des Anciens et de la tradition malherbienne. La poésie y est réduite à un discours allégorique fabriqué à coups de procédés. L'ex-satirique « prône le style noble jusque dans la comédie ; l'auteur du Lutrin condamne le burlesque et les farces de Molière ; l'ami du vrai fait de l'artifice la loi de l'idylle » (P. ClaraC). Mais aucun ouvrage de ce genre n'a jamais eu un succès comparable (12). Ses formules sommaires et bien frappées s'imposent à l'esprit. Dans les nombreux passages polémiques (13), l'auteur des Satires retrouve sa verve : allusions, croquis, dialogues, saynettes. L'ensemble a un dynamisme communicatif et passera bientôt pour le bréviaire classique. C'est qu'il mettait par avance en formules l'esprit de la bourgeoisie qui dominera les deux siècles et demi à venir.



Avec l'Art poétique, Boileau publie une traduction du traité Ou Sublime, ouvrage grec du I" siècle après J.-C, faussement attribué à Longin, qui dénonce la vaine ingéniosité, réclamant la grandeur de la pensée, de l'action, du style. Le sublime, c'est ce qui « frappe [...] enlève, ravit, transporte ». Il provient « de la grandeur de la pensée et de la noblesse du sentiment, ou de la magnificence des paroles ou du tour harmonieux, vif et animé de l'expression [...] ou, ce qui fait le parfait sublime, de ces trois choses jointes ensemble » (Réfl. sur Longin, XII). Le traité s'achève sur un éloge de « la liberté », voire du « gouvernement populaire qui nourrit et forme les grands génies », tandis que « la monarchie » forme des « flatteurs » : « la servitude, je dis la servitude la plus justement établie, est une espèce de prison où l'âme décroît et se rapetisse. » De quoi plaire à un esprit qui reste un peu frondeur et dont le rationalisme a même des nostalgies de vieux Romain, de « républicain ».

Aux antipodes de l'Art poétique, qui condamne le burlesque, et du traité Du Sublime, Le Lutrin (ch. I à IV) paraît dans le même volume. Dans cette parodie batailleuse, où l'esprit subversif est devenu un gentil amuseur, on retrouve sur son territoire, entre le Palais, la Sainte-Chapelle et la librairie Barbin, la verve satirique de Boi-leau, son réalisme pittoresque, mais trop souvent son prosaïsme laborieux.

Le législateur du Parnasse médite sur la vie : bientôt quarante ans ; il est temps de chercher le « bonheur » dans le « repos » du « sage », qui n'en sort que pour louer le Roi (Epttre V, décembre 1674). Comme YÉpître V, l'Épître IX (écrite en 1675, publiée en 1683) mêle l'éloge, la franchise, les confidences, la méditation morale, la satire. Moment d'équilibre et de maturité.



3. Consécration et malaise (1677-1692)



Boileau retrouve son agressivité dans l'Épître VII à Racine (février 1677), lors de la querelle de Phèdre. Elle ne sera publiée qu'en 1683, de même que YÉpître VI, écrite aussi en 1677, qui oppose aux « chagrins de la ville », pleine de fâcheux, les bonheurs tranquilles de la vie rustique.

En octobre 1677, Boileau est nommé, avec Racine, historiographe du Roi : 6000 livres de pension supplémentaire et une dotation d'équipement de 12000 livres : la consécration, mais beaucoup de contraintes. L'ambiguïté de son Épître de remerciement, écrite début 1678, se révélera plus véridique qu'il ne le croit. « Né pour-la satire » et contraint de louer un Roi si admirable,



Je sens de jour en jour dépe'rir mon génie

Et mes vers en ce style, ennuyeux, sans appas,

Déshonorent ma plume et ne T'honorent pas.



Pendant dix-sept ans, il ne travaille plus que pour une histoire sans doute médiocre et qui périra dans un incendie en 1726. « La poésie m'est en quelque sorte interdite. »



4. L'écrivain et sa légende



Boileau se recommande par une vigoureuse franchise et certains détails saisis au vif. 11 a l'art du mot juste, de la formule frappante, du vers plein, sonore, bien rythmé, où parfois rejets, enjambements, rimes curieuses bravent les lois de Malherbe. C'est dans les Satires, destinées à être récitées, que ce verbe oral est le meilleur, malgré les raccords laborieux entre des fragments jaillis d'une réaction émotive.

Son grand talent, c'est la parodie : accumulations, accélérations, tetournements, ruptutes de ton et de rythme, pointes vengeresses, art de mimer divers personnages, de multiplier les points de vue (Satire IX).

Au demeurant, on peut apprécier le théoricien qui, du Traité du Sublime (1674) aux Réflexions sur Longin (1692-1711), exalte cette « fierté noble et généreuse » qui, chez Homère, les Tragiques, dans la Genèse et les Psaumes, chez Corneille, dicte les formules simples et directes qui « enlèvent, ravissent, transportent » sans tomber dans l'« enflure des grands mots » (Réfl. X). Mais il n'a guère payé d'exemple. Dès qu'il se guindé, il devient loutd, systématique et teste prosaïque ; dogmatique, il ne laisse pas respirer son lecteur. Il manque de fantaisie, de subtilité, de grâce. Peu d'aventures dans ces jardins du bon sens. Des remplissages, des lapalissades, de lourdes périphrases. Par goût de la difficulté vaincue, il est tout fier de ses inélégantes prouesses.

L'auteur de l'Art poétique faisait figure de chef d'école. Il avait toute raisons de se croire un modèle par les préceptes et par l'exemple. « Ma Muse »,



Du Parnasse français formant les nourrissons... (Épître X, 15)



La Querelle des Anciens et des Modernes renforce sa position. Pour ses admirateurs, « c'est la raison incamée » (MaraiS). Dans ses dernières années, il se présente lui-même comme le précepteur de la grande époque. Son audience s'étend à travers l'Europe. Voltaire, les Encyclopédistes le célèbrent ; les Jésuites distribuent ses oeuvres en prix. Les romantiques l'épargnent relativement, tandis que leurs adversaires invoquent son autorité contre les nouveautés, comme le fera aussi Sainte-Beuve. La bourgeoisie triomphante se reconnaît dans le chantre de son rationalisme moraliste : « Nous avons tous Boileau dans le sang » (Lanson, 1892). Le satirique subversif, l'intellectuel d'opposition disparaissent au profit du régent du Parnasse. D'un Art poétique bien sommaire on fait une bible. Combien de formules simplificatrices passées en proverbes. « Rien n'est beau que le vrai »..., « Aimez donc la raison... », « Cent fois sur le métier »..., « Ce que l'on conçoit bien... »

Les travaux de Revillout (1890-1895), Demeure (1928-1934) et Adam (1939-1941), ont remis les choses en place. Ce père de l'académisme n'a rien appris à aucun créateur. La société des quatre amis (Boileau, Molière, Racine, La FontainE) n'est qu'une légende, diffusée à partir de 1820. Boileau connaît La Fontaine depuis longtemps, mais tout les sépare. Il est l'intime de Racine depuis 1670, mais son volontarisme comprend-il l'auteur des tragédies, qu'il félicite de savoir « émouvoir, étonner, ravir »... comme Corneille [Épitre VII) et auquel il conseille de ne pas trop donner dans les faiblesses de l'amour ? En revanche, il a su apprécier Molière dès L'École des femmes et Tartuffe. Et si l'Art poétique condamne sa dimension farcesque VÉpitre VII lui rend justice.





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