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Essais littéraire

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Arthur RIMBAUD 1854-1891






La révolte de l'enfant annonce celle du poète : pour comprendre Rimbaud, il faut peut-être le voir sous la figure de l'enfant de Vallès, en butte à l'incompréhension d'une mère, à la bêtise étouffante d'une ville (CharlevillE). D'où les multiples fugues de Rimbaud et la quête, à travers la poésie, d^une évasion, d'une aventure. Après les premiers essais, Izambard devient son professeur en janvier 1870 et lui fait découvrir la littérature de son temps, les poésies de Hugo et celles des Parnassiens (envoi de trois textes à Banville en mai 1870). De cette époque datent les premières productions intéressantes (les deux « cahiers de Douai »), mais, assez vite, Rimbaud s'émancipe de cette influence parnassienne et la fin de l'année le voit aborder la période du « voyant » : la lettre à son ami Paul Demeny qui évoque cette poétique date de mai 1871. Cette violente libération poétique, marquée par l'audace "de la vision et des images, s'accompagne d'ailleurs de nouveaux voyages de Rimbaud dont l'un l'a peut-être conduit à Paris au moment de la Commune. À la fin de l'année 1871, il reviendra encore à Paris où Verlaine l'a convié : avec lui, une liaison orageuse s'établit qui les amène à quitter la France pour la Belgique et finalement l'Angleterre. Après différents périples, Verlaine tire un coup de revolver sur Rimbaud, mais, avant, une sorte de dialogue poétique aura lié les deux poètes dans une tentative dont les proses d'Une saison en enfer (oct. 1873) tracent en partie le bilan désenchanté (Alchimie du verbE). Rimbaud n'est cependant à l'époque qu'un poète parfaitement confidentiel connu seulement des milieux où évolue Verlaine et qu'a éblouis en particulier le sonnet des Voyelles ou le Bateau ivre.





Poète qui a exprimé-les pouvoirs de la poésie et connu leurs limites, Rimbaud semble alors abandonner l'écriture pour affronter directement le monde, vivre une autre quête. Il devient-'encore plus l'homme aux semelles de vent qui s'étourdit et se cherche dans l'errance : Londres avec Germain Nouveau, l'Allemagne, l'Italie, Paris, l'Autriche, l'Allemagne, la Hollande ; puis Java, en tant que soldat de la Légion étrangère de ce pays. Il déserte, revient en Europe, passe par Brème, va dans les pays du Nord, puis, par Gênes, se rend à Chypre. En 1880, son parcours l'amène à Alexandrie où une maison de commerce l'envoie en Abyssinie, à Harar, qu'il quitte mais où il reviendra. Après différents épisodes, on le retrouve enfinjrafiquant d'armes auprès du roi Menelik avec les difficultés de ce genre d'entreprises : spéculations avortées ou désastreuses, ennuis financiers ou policiers, inquiétudes et fatigues auxquelles on peut attribuer une mort précoce. Rimbaud souffrant revient en France pour se faire soigner, on l'ampute de la jambe droite, mais il meurt de son cancer le 10 novembre 1891. Entre-temps, les Illuminations (titre de VerlainE) ont paru en 1886, dans la Vogue, avec Une saison en enfer et sans qu'on puisse établir une chronologie nette des ouvres ou plutôt des éléments souvent hétérogènes (et d'ailleurs hermétiqueS) qui les composent. Quant aux poésies, si quelques-unes ont paru dans des revues, l'ensemble ne sera publié qu'après sa mort (1891 et 1895). La célébrité de Rimbaud se sera faite en son absence et elle grandit encore à partir de ce moment-là, donnant lieu au « mythe Rimbaud » que dénonce Etiemble.



Le verbe du voyant



Il faut revenir à la « Lettre du Voyant » pour définir le premier projet poétique de Rimbaud. Ce grand texte énonce d'abord la nécessité de se faire « voyant » « par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens ». Il n'y a là aucune anarchie, mais plutôt un travail sur soi qui libère le poète d'une certaine expérience conformiste de la réalité : elle le marginalise, mais lui permet en même temps de devenir le « Suprême Savant ». Même s'il s'agit là d'une métaphore d'époque, cette désignation mérite d'être expliquée : la poésie n'est évidemment pas une approche « scientifique » du monde, mais elle est peut-être « connaissance productive du réel », comme le disait un poète. Une conquête de ce qui jusqu'au poète restait inaperçu ou ineffable, une liaison avec l'inconnu, peut-être aussi une religion.



Et c'est ainsi qu'une voyelle prend forme chez Rimbaud (le sonnet des VoyelleS) et devient le support de tout un registre associé de choses et d'impressions :



A, noir corset velu des mouches éclatantes

Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,...



En ce sens, on peut dire qu'il y a chez le poète une sorte d'explorateur à rapprocher des héros d'un Jules Verne auquel Rimbaud a emprunté certaines de ses images. Pensons par exemple au Bateau ivre qui multiplie les visions dont on peut imaginer qu'elles sont comme le compte rendu d'un voyage au-delà des portes d'ivoire ou de corne dont parle Nerval. Un vers du poème :



Et j'ai vu quelquefois ce que l'homme a cru voir se réfère à la fois à saint Paul et à une phrase de Vingt mille lieues sous les mers ! À travers l'ivresse raisonnée de la vision, on sent donc le bonheur d'une perception" nouvelle, l'arpentage exhaustif d'un nouveau monde, l'euphorie de ce « festin ancien » dont parle Une saison en enfer.



La poésie comme aventure



Lorsqu'on essaie de saisir dans son ensemble la thématique profuse de Rimbaud, on découvre chez lui le souci très baudelairien d'évoquer des sensations et des objets non encore poétisés, d'être non seulement le peintre de la création, mais aussi celui de la vie moderne et des réalités négligées : par exemple, dans « Ce qu'on dit au poète à propos de fleurs », on voit apparaître des rayons de sodium, des papillons électriques et des poteaux télégraphiques. En fait, le motif importe peu et chaque objet, humble, laid ou repoussant, est capable de déclencher une émotion, de produire une « impression » (parfums de vernis ou de bière, pain qui cuit, souliers puants...). Monet dit à peu près à la même époque que ^important est moins pour lui le sujet du tableau que ce qui se passe entre ce .sujet et lui. Dès lors, tout est utilisable parce que tout est singulier dans son rapport au poète qui le métamorphose.



Une condition s'impose pourtant: celle d'éviter les habitudes d'une poésie stéréotypée que Rimbaud pastiche ou attaque violemment. Non seulement, on l'a vu, dans le choix de ses thèmes, mais aussi dans celui d'une forme nouvelle qui prend le risque du mauvais goût, de la rupture, du contour naïf, de la couleur criarde. Ce sont justement les littératures les moins littéraires ou les plus légères, les formes les moins soignées qui deviennent les plus évocatri-ces : «j'aimais les peintures idiotes [...], la littérature démodée, latin d'église, livres erotiques sans orthographe, romans de nos aïeules, contes de fées, petits livres de l'enfance, opéras vieux, rhythmes (siC) naïfs [...] Un titre de vaudeville dressait des épouvantes devant moi ». Et la forme des poèmes de Rimbaud reprend volontiers cette « poétique » libre et subversive en utilisant l'onomatopée, le bout de dialogue, la phrase incorrecte, le mot isolé, l'ellipse et parfois l'enchaînement énigmatique. Il y a là en effet une sorte de premier vertige, de premier déséquilibre qui est comme le début d'une révolution, d'une aventure spirituelle.



L'ouvre de Rimbaud, dans son parcours et sa logique, peut, elle aussi, être définie dans ces termes. Partant d'une forme relativement accessible et presque parnassienne, elle passe par l'époque du Poète-Voyant et débouche sur les mystères d'Une saison en enfer et surtout des Illuminations où il semble que la forme même disparaît au profit de la sténographie d'un délire : comme si l'on assistait à l'abandon de l'intelligibilité au profit d'une sorte d'authenticité sauvage... Rimbaud trace ainsi la voie à une certaine poésie contemporaine où le lyrisme se voile derrière les allusions oraçulaires. Au-delà même, le silence de Rimbaud est une sorte d'aboutissement auquel bien des écrivains se réfèrent dans une dénonciation, il est vrai très littéraire, de la littérature. Sans tomber dans le mythe Rimbaud que dénonce Étiemble, ne faut-il pas voir dans ce parcours intense du poète une démarche qui dépasserait les limites de la littérature - au même titre, peut-être que sa poésie déborde et annule toute la production de l'époque où il écrit ? Le sens de cette démarche irait donc vers une vie renouvelée, au-delà peut-être des impostures et des impasses d'un certain mysticisme facile. « Changer la vie » propose Rimbaud, et c'est le mot d'ordre que reprendront plus tard les surréalistes...





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