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Clément Marot



Suscription - Poéme


Poéme / Poémes d'Clément Marot





Lettre mal faite et mal écrite,
Vole de par cet écrivant
Vers la plus noble
Marguerite
Qui soit point au monde vivant.



La main tremblant dessus la blanche carte
Me vois souvent.
La plume loin s'écarte,
L'encre blanchit, et l'esperit prend cesse,
Quand j'entreprends (très illustre
Princesse)
Vous faire écrit.
Et n'eusse pris l'audace,



Mais
Bon
Vouloir, qui toute paour efface,

M'a dit : «
Crains-tu à écrire soudain

Vers celle-là, qui oncques en dédain

Ne prit tes faits ? »
Ainsi à l'étourdi
Me suis montré (peut-être) trop hardi,

Bien connaissant néanmoins que la faute

Ne vient sinon d'entreprise trop haute.

Mais je m'attends que sous votre recueil

Sera connu le zèle de mon vueil.
Or est ainsi,
Princesse magnanime,

Qu'en haut honneur et triomphe sublime

Est florissant, en ce camp où nous sommes,

Le conquérant des cours des gentilshommes.

C'est
Monseigneur, par sa vertu loyale
Elu en chef de l'armée royale;

Où l'on a vu de guerre maints ébats,

Aventuriers émouvoir gros combats

Pour leur plaisir sur petites querelles,

Glaives tirer et briser alumelles,
S'entrcnavrant de façon fort étrange :

Car le cour ont si très haut qu'en la fange

Plutôt mourront que fuir à la lice ;

Mais
Monseigneur, en y mettant police,

A défendu de ne tirer épée,
Si on ne veut avoir la main coupée.
Ainsi piétons n'osent plus dégainer,

Dont sont contraints au poil s'entretraîner,

Car sans combattre ils languissent en vie ;

Et crois (tout sûr) qu'ils ont trop plus d'envie
D'aller mourir en guerre honnêtement

Que demeurer chez eux oisivement.

Ne pensez pas, dame où tout bien abonde,

Qu'on puisse voir plus beaux hommes au monde

Car (à vrai dire) il semble que
Nature
Leur ait donné corpulence et facture

Ainsi puissante, avec le cour de mêmes,

Pour conquérir sceptres et diadèmes

En mer, à pied, sur coursiers ou genêts ;
Et ne déplaise à tous nos lansquenets,


Qui ont le bruit de tenir aucun ordre,
Mais à ceux-ci n'a point tant à remordre.
Et qui d'entre eux l'honnêteté demande,
Voise orendroit voir de
Mouy la bande
D'aventuriers issus de nobles gens.

Nobles sont-ils, pompeux et diligents,

Car chacun jour au camp sous leur enseigne
Font exercice, et l'un à l'autre enseigne
A tenir ordre, et manier la pique,
Ou le verdun, sans prendre noise ou pique.


De l'autre part, sous ses fiers étendards
Mène
Boucals mille puissants soudards
Qui aiment plus débats et grosses guerres
Qu'un laboureur bonne paix en ses terres.
Et que ainsi soit, quand rudement se battent,

Avis leur est proprement qu'ils s'ébattent.
D'autre côté voit-on le plus souvent
Lorges jeter ses enseignes au vent,
Pour ses piétons faire usiter aux armes,
Lorsque viendront les périlleux vacarmes.


Grands hommes sont en ordre triomphant,
Jeunes, hardis, roides comme éléphants,
Fort bien armés, corps, têtes, bras et gorges.
Aussi dit-on : les hallccrets de
Lorges.
Puis de
Mouy les nobles et gentils,


Et de
Boucal les hommes peu craintifs.

Bref,
Hercules ,
Montmoreau
B et
Dasnièrcs
Ne font pas moins triompher leurs bannières.
Si que deçà on ne saurait trouver
Homme qui n'ait désir de s'éprouver,


Pour acquérir par haut ouvre bellique
L'amour du
Roi, le vôtre frère unique.
Et par ainsi, en bataille ou assaut,
N'y aura cil qui ne prenne cour haut,
Car la plupart si hardiment ira

Que tout le reste au choc s'enhardira.
De jour en jour une campagne verte
Voit-on ici de gens toute couverte,
La pique au poing, les tranchantes épées
Ceintes à droit, chaussures découpées,

Plumes au vent, et hauts fifres sonner
Sus gros tambours, qui font l'air résonner;
Au son desquels, d'une fière façon,
Marchent en ordre, et font le limaçon l,
Comme en bataille, afin de ne faillir,

Quand leur faudra défendre ou assaillir,

Toujours criant : «
Les ennemis sont nôtres ! »
Et en tel point sont les six mil apôtres
Délibérés sous l'épée
Saint
Pol ,
Sans que aucun d'eux se montre lâche ou mol.


Souventcs fois par devant la maison
De
Monseigneur viennent à grand foison
Donner l'aubade à coups de haquebutes,
D'un autre accord qu'épinettes ou flûtes.
Après oit-on sur icelle prairie

Par grand terreur bruire l'artillerie,
Comme canons doubles et raccourcis,
Chargés de poudre et gros boulets massifs,
Faisant tel bruit qu'il semble que la terre
Contre le ciel veuille faire la guerre.

Voilà comment (Dame très renommée)
Triomphamment est conduite l'armée,
Trop mieux aimant combattre à dure outrance,
Que retourner (sans coup fèrir) en
France.
De
Monseigneur, qui écrire en voudrait,

Plus clair esprit que le mien y faudrait.
Puis je sens bien ma plume trop rurale
Pour exalter sa maison libérale,
Qui à chacun est ouverte et patente.

Son cour tant bon gentilshommes contente,

Son bon vouloir gens de guerre entretient,
Sa grand vertu bonne justice tient,

Et sa justice en guerre la paix fait,
Tant que chacun va disant (en effet) : «
Voici celui tant libéral et large


Qui bien mérite avoir royale charge.
C'est celui-là qui toujours en ses mains
Tient et tiendra l'amour de tous humains :
Car puis le temps de
César dit
Auguste,
On n'a point vu prince au monde plus juste! »

Tel est le bruit qui de lui court sans cesse
Entre le peuple et ceux de la noblesse,
Qui chacun jour honneur faire lui viennent
Dedans sa chambre, où maints propos se tiennent,
Non pas d'oiseaux, de chiens, ne leur abois :

Tous leurs devis, ce sont haches, gros bois,
Lances, harnais, étendards, gouffanons,
Salpêtre, feu, bombardes et canons ;
Et semble avis, à les ouïr parler,
Qu'oncques ne fut mémoire de baller.

Bien écrirais encorcs autre chose,

Mais mieux me vaut rendre ma lettre close
En cet endroit : car les
Muses entendent
Mon rude style, et du tout me défendent
De plus rien dire, afin qu'en cuidant plaire,


Trop long écrit ne cause le contraire.
Et pour autant (Princesse cordiale,
Tige partant de la fleur filiale)
Je vous supplie cette épître en gré prendre,
Me pardonnant de mon trop entreprendre,

Et m'estimer (si peu que le dessers)

Toujours du rang de vos très humbles serfs.

Priant celui, qui les âmes heurées,
Fait triompher aux maisons sidérées,
Que son vouloir et souverain plaisir


Soit mettre à fin votre plus haut désir.






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Clément Marot
(1496 - 1544)
 
  Clément Marot - Portrait  
 
Portrait de Clément Marot


Biographie

Clément Marot naquit à Cahors en 1496. Son père, grand poète rhétoriqueur, avait été le protégé d'Anne de Bretagne , femme de Louis XII. Page dès 1515, il se mêle à la joyeuse confrérie des Clercs de la Basoche, compose en 1515 le poème allégorique le Temple de Cupido et devient valet de chambre et secrétaire de Marguerite, duchesse d'Alençon, sour du roi. Il rencontre chez elle des penseurs réfo

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