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Clément Marot



épÎtre au roi pour avoir été dérobé - Poéme


Poéme / Poémes d'Clément Marot





On dit bien vrai : la mauvaise fortune
Ne vient jamais qu'elle n'en apporte une,
Ou deux, ou trois, avecques elle,
Sire.
Votre cour noble en saurait bien que dire ;
Et moi, chétif, qui ne suis roi ni rien
L'ai éprouvé ; et vous conterai bien,
Si vous voulez, comment vint la besogne.



J'avais un jour un valet de
Gascogne,
Gourmand, ivrogne, et assuré menteur,
Pipeur, larron, jureur, blasphémateur,
Sentant la hart de cent pas à la ronde,
Au demeurant, le meilleur fils du monde :
Prisé, loué, fort estimé des filles
Par les bordeaux, et beau joueur de quilles.



Ce vénérable hillot1 fut averti
De quelque argent que m'aviez départi,
Et que ma bourse avait grosse aposthume.
Si se leva plus tôt que de coutume,
Et me va prendre en tapinois icelle,
Puis vous la mit très bien sous son aisselle.
Argent et tout, cela se doit entendre.
Et ne crois point que ce fût pour la rendre,
Car onques puis n'en ai ouï parler.



Bref, le vilain ne s'en voulut aller
Pour si petit : mais encore il me hape
Saie, et bonnet, chausses, pourpoint et cape.



De mes habits, en effet, il pilla

Tous les plus beaux, et puis s'en habilla

Si justement, qu'à le voir ainsi être,

Vous l'eussiez pris, en plein jour, pour son maître.

Finalement, de ma chambre il s'en va
Droit à l'étable, où deux chevaux trouva ;
Laisse le pire et sur le meilleur monte,
Pique et s'en va.
Pour abréger le conte,
Soyez certain qu'au sortir du dit lieu
N'oublia rien, fors qu'à me dire adieu.

Ainsi s'en va, chatouilleux de la gorge,
Le dit valet, monté comme un saint
George,
Et vous laissa
Monsieur dormir son saoul,
Qui au réveil n'eût su finer d'un sou.
Ce monsieur-là,
Sire, c'était moi-même,
Qui, sans mentir, fus au matin bien blême,
Quand je me vis sans honnête vêture,
Et fort fâché de perdre ma monture ;

Mais, de l'argent que vous m'aviez donné,

Je ne fus point de le perdre étonné ;

Car, votre argent, très débonnaire
Prince,

Sans point de faute est sujet à la pince'.
Bientôt après cette fortune-là,

Une autre pire encore, se mêla

De m'assaillir, et chacun jour m'assaut.

Me menaçant de me donner le saut,

Et de ce saut m'envoyer à l'envers

Rimer sous terre et y faire des vers.

C'est une lourde et longue maladie

De trois bons mois, qui m'a toute élourdie

La pauvre tête, et ne veut terminer,

Ains me contraint d'apprendre à cheminer,



Tant affaibli m'a d'étrange manière.
Et si m'a fait la cuisse héronnière,
L'estomac sec, le ventre plat et vague :
Quand tout est dit, aussi mauvaise bague,
Ou peu s'en faut, que femme de
Paris,
Sauve l'honneur d'elles, et leurs maris.

Que dirai plus ?
Au misérable corps
Dont je vous parle il n'est demeuré fors
Le pauvre esprit, qui lamente et soupire,
Et en pleurant tâche à vous faire rire.

Et, pour autant,
Sire, que suis à vous,
De trois jours l'un viennent tâter mon pouls
Messieurs
Braillon,
Le
Coq,
Akaquia
Pour me garder d'aller jusqu'à quia.

Tout consulté, ont remis au printemps
Ma guérison ; mais, à ce que j'entends,
Si je ne puis au printemps arriver.
Je suis taillé de mourir en hiver,
Et en danger, si en hiver je meurs,
De ne voir pas les premiers raisins meurs.

Voilà comment, depuis neuf mois en ça ,
Je suis traité.
Or ce que me laissa
Mon larronneau, longtemps a l'ai vendu
Et en sirops et juleps dépendu' ;
Ce néanmoins, ce que je vous en mande
N'est pout vous faite ou requête, ou demande :
Je ne veux point tant de gens ressembler, qui n'ont souci autre que d'assembler ;
Tant qu'ils vivront, il demanderont, eux ;
Mais je commence à devenir honteux,
Et ne veux plus à vos dons m'arrêter.



Je ne dis pas, si voulez rien prêter,
Que ne le prenne.
II n'est point de prêteur.
S'il veut prêter, qui ne fasse un debteur.
Et savez-vous,
Sire, comment je paye ?
Nul ne le sait, si premier ' ne l'essaye ;
Vous me devrez, si je puis, de retour,
Et vous ferai encore un bon tour.
A cette fin qu'il n'y ait faute nulle,
Je vous ferai une belle cédule,
A vous payer, (sans usure, il s'entend)
Quand on verra tout le monde content ;
Ou, si voulez, à payer ce sera,
Quand votre loi et renom cessera.



Et, si sentez que suis faible de reins
Pour vous payer, les deux princes
Lorrains
Ma piégeront .
Je les pense si fermes
Qu'ils ne faudront pour moi à l'un des termes.
Je sais assez que vous n'avez par peur
Que je m'enfuie ou que je sois trompeur ;
Mais il fait bon assurer ce qu'on prête
Bref, votre paye, ainsi que je l'arrête,
Est aussi sûre, advenant mon trépas,
Comme advenant que je ne meure pas.



Avisez donc si vous avez désir
De rien prêter : vous me ferez plaisir,
Car, puis un peu, j'ai bâti à
Clément,
Là où j'ai fait un grand déboursement,
Et à
Maror, qui est un peu plus loin :
Tout tombera, qui n'en aura le soin.



Voilà le point principal de ma lettre :
Vous savez tout, il n'y faut plus rien mettre.

Rien mettre?
Las!
Certes, et si ferai.

Et ce faisant, mon style ) enflerai,

Disant : « Ô
Roi, amoureux des neuf
Muses,

Roi plus que
Mars d'honneur envronne,

Roi le plus roi qui fut çmc couronné

Dieu tout-puissant te domt, pour t etrenner,

Les quatre coins du monde gouverner,

Tant pour le bien de la ronde machine

Que pour autant que sur tous en es digne.»






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Clément Marot
(1496 - 1544)
 
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Portrait de Clément Marot


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Biographie

Clément Marot naquit à Cahors en 1496. Son père, grand poète rhétoriqueur, avait été le protégé d'Anne de Bretagne , femme de Louis XII. Page dès 1515, il se mêle à la joyeuse confrérie des Clercs de la Basoche, compose en 1515 le poème allégorique le Temple de Cupido et devient valet de chambre et secrétaire de Marguerite, duchesse d'Alençon, sour du roi. Il rencontre chez elle des penseurs réfo

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