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Charles Baudelaire



Une charogne - Poéme


Poéme / Poémes d'Charles Baudelaire





Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d'été si doux :

Au détour d'un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,



Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,

Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.



Le soleil rayonnait sur cette pourriture,

Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande
Nature

Tout ce qu'ensemble elle avait joint;

Et le ciel regardait la carcasse superbe

Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l'herbe

Vous crûtes vous évanouir.

Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D'où sortaient de noirs bataillons

De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.

Tout cela descendait, montait comme une vague,

Ou s'élançait en pétillant;
On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague.

Vivait en se multipliant.

Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l'eau courante et le vent,

Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rhythmique
Agite et tourne dans son van.

Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,

Une ébauche lente à venir,
Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève

Seulement par le souvenir.

Derrière les rochers une chienne inquiète

Nous regardait d'un oil fâché,
Epiant le moment de reprendre au squelette

Le morceau qu'elle avait lâché.

Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,

A cette horrible infection, Étoile de mes yeux, soleil de ma nature,

Vous, mon ange et ma passion !

Oui ! telle vous serez, ô la reine des grâces,

Après les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons

Moisir parmi les ossements.

Alors, ô ma beauté! dites à la vermine

Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine

De mes amours décomposés!



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Charles Baudelaire
(1821 - 1867)
 
  Charles Baudelaire - Portrait  
 
Portrait de Charles Baudelaire

Biographie

Charles Baudelaire, né à Paris en 1821, a six ans lorsqu'il perd son père, un peintre fantasque et cultivé, ancien prêtre assermenté. Sa mère se remarie avec le futur général Aupick, union que l'enfant qui rêve, de Lyon à Paris, au gré des garnisons, en de tristes internats, d'être « tantôt pape, tantôt comédien », accepte mal. Reçu au baccalauréat, tandis que son beau-père est nommé général de br

RepÈres biographiques


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